Super 8 est un cas assez intéressant d'œuvre fusionnelle: une horde de spectateurs cinéphiles condamnent JJ Abrams pour son manque de personnalité et son pillage honteux des classiques spielbergiens, quand bien même ce dernier réussit à offrir à son public un film généreux et délicieusement nostalgique, la fusion (donc) entre les souvenirs d'enfance précieux du cinéaste/producteur (tiens tiens, des courts en super 8 comme ceux que confectionnaient astucieusement JJ et son poteau Matt Reeves...) et tout un environnement culturel ultra-influencable, initiateur et reconnaissable...

JJ adore Spielberg, c'est un fait, jusqu'à faire baigner son œuvre du style mythique du maître, de la même manière dont De Palma élaborait ses Blow Out, Body Double et autres Obsession comme des renvois systématiques aux films d'Hitch, tout en y incorporant des névroses et thématiques...obsessionnelles. L'esprit bienveillant du grand Spielby semble parcourir ainsi ces deux heures d'entertainment rafraichissant. JJ sait rendre l'univers féérique d'E.T et de Rencontres du Troisième Type à travers un film qui est un témoignage filmique ambitieux et personnel, compte-rendu spectaculaire d'un fanboy qui fut jadis bercé par les mélodies de John Williams, les histoires de gosses sensibles et l'illustration d'un surnaturel moins dangereux qu'il n'y parait, l'extra-terrestre renvoyant à la perdition du gamin, qui se sent toujours paumé en ce bas monde, étranger à cette planète. Ainsi, Super 8 est un super film de monstres, un super film de gosses, et une superbe déclaration d'amour à tout un cinéma iconique.

Amusant de construire des analogies entre l'élève et le maître, l'élève ayant été accueilli dès l'adolescence dans l'antre fantasmagorique du mentor (il eut suffit d'un coup de fil de Kathleen Kennedy pour changer un gosse), les conversations qui suivirent n'étant que l'affirmation des passions liant les deux hommes, comme cette mise en pratique, très tôt, de l'amour du cinéma et du divertissement...(à travers un pré-Evil Dead dans le cas du petit JJ).

Ne reste plus, après cette madeleine de Proust palpitante et attachante, que l'importance de l'étape suivante pour le fils bien-aimé, à savoir tuer le précieux père, afin de mieux avancer, se détacher de l'appui révérenciel, et voler de ses propres ailes, atteindre, enfin, la maturité cinématographique qui fait d'un fan fidèle un véritable auteur à part entière...

JJ, la route est toute tracée, devant toi !

ClémentA
8
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le 10 sept. 2011

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ClémentA

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