Faire un film d'animation sur Superman et traiter du cas Doomsday, c'est un peu s'engager sur une route verglacée en pleine montagne : on sait où l'on va mais pas forcément dans quel état on va y arriver. Après tout, l'antagoniste du titre n'est ni plus ni moins connu comme celui qui a tué Superman, célèbre arc narratif du comics en ayant entrainé quelques autres dans la foulée. On pouvait se demander comment tout ça allait être traité, et force est des constater que malgré des changements imposés par le format, ils ont gardé suffisamment de matière pour aborder le sujet pleinement.


La première demi-heure met bien les pieds dans le plat. Les employés d'un Lex Luthor tout ce qu'il y a de plus froid et calculateur (alléluia !) font la découverte d'un engin extraterrestre et la créature enfermée est malencontreusement relâchée. Pendant ce temps, Loïs vit sa relation amoureuse avec son superhéros mais ne connait pas sa double identité malgré de forts soupçons. Et au milieu des problèmes de couples, Doomsday affuté d'un caleçon du plus bel effet commence sa route du carnage.
Si on pouvait craindre un traitement gentillet, on est vite rappelé à la réalité. Doomsday tue, encore et encore, des morts souvent suggérés mais un avec des effets sonores qui ne laissent pas de place au doute, le nombre de cervicales brisées atteignant un dangereux quota pour toutes associations familiales qui devraient logiquement pousser un cri d'alerte sur les quelques cadavres montré sans détour, tel la bestiole tenant ce pauvre soldat sans vie tout juste assassiné comme une poupée de chiffon qu'un gamin un peu sadique prend plaisir à martyriser.


La conclusion de cette apocalypse avant l'heure donnera ce fameux combat à mort où les deux titans y laisseront leurs plumes, le sang faisant son apparition et plusieurs images fortes issus de la bande dessinée venant remémorer aux lecteurs quelques planches célèbres. S'ensuivront ensuite une revisite des arcs scénaristiques continuant la trame (les funérailles, l'arrivée des Supermen, le retour de vous savez qui), le premier épargnant le défilé de superhéros et le second se contentant d'une seule version se rapprochant d'un Bizarro en plus malin.


Entre fidélité et adaptation condensée, ce DTV fait plus que le job en n'hésitant pas à aborder frontalement la mort et la violence tout en proposant des images et passages dérangeants (la labo et ses expériences de savants fous ; la séquence hommage à Terminator alias la réparation du doppelgänger devant un miroir en plein milieux de clients horrifiés). Un parti pris couillu pour ce qui sentait de base une revisite du sujet pour les plus petits. Une bonne surprise.
Question casting, Adam Baldwin pose avec brio sa voix sur l'homme d'acier quand un James Masters redonne ses lettres de noblesses à un Luthor bien souvent maltraité. Reste une Anne Heche à la voix de grosse fumeuse avec laquelle j'ai bien du mal pour notre chère journaliste. Mais le traitement des personnages est très bon, les seconds couteaux ne sont pas oubliés et l'on nous épargnera même le sacrosaint statu quo qui semble de vigueur avec Sup'.


Reste le style graphique que je qualifierais de particulier. Les personnages principalement, entre un Luthor aux visage allongé donnant un aspect alien et un Clark Kent au faciès tellement anguleux qu'il se voit fourni d'un menton bogdanovien auquel je n'ai jamais pu m'habituer, je n'ai pas été séduit par le chara-design de tout ce beau monde. Le point faible du film je dirais, et avec un autre studio pour les dessins aux manettes, une suite de cette version des aventures de l'homme de l'acier serait d'autant plus attrayante.

auty
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le 18 mai 2016

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