Cette suite directe évince Richard Donner de la réalisation alors que plusieurs scènes avaient été mises en boîte ; on sait que le premier opus et celui-ci ont été tournés pratiquement simultanément, mais les producteurs ont préféré confier la réalisation à Richard Lester, plus connu pour ses comédies. D'où certaines scènes avec Lex Luthor qui ont été détournées de leur sens initial, et Gene Hackman qui n'a eu au final qu'à tourner de petites scènes de raccord, fut souvent remplacé par une doublure et un imitateur vocal, il n'est donc plus le méchant principal, la primauté étant donnée au général Zod incarné par un Terence Stamp glacial et involontairement drôle, assisté par 2 acolytes, l'un étant demeuré incarné par l'imposant Jack O'Halloran, l'autre étant la belle Ursa, perfide bras droit incarné par Sarah Douglas. Ces 3 personnages à peine entrevus dans le premier Superman et condamnés par Jor-El, le père de Superman à errer dans l'espace dans une prison de verre, constituent une opposition très intéressante contre Superman, car à leur arrivée sur Terre, ils ont les mêmes pouvoirs que lui. L'ironie veut que c'est Superman qui les libère de leur prison en envoyant une bombe à hydrogène dans l'espace. Tout cet aspect technique avec ces récupérations de scènes est finalement bien goupillé. Mais si on veut avoir une vision différente, il faut voir le Richard Donner Cut qui réintègre tout le job entrepris par Donner en larguant celui effectué par Lester, tout au moins la moitié, ce qui fait qu'on a une même histoire racontée mais de 2 façons différentes, avec plusieurs scènes inédites (le rôle d'Hackman moins réduit, 15 mn supplémentaires de Brando, et plusieurs scènes avec Margot Kidder).
Ce qui est intéressant dans cet opus, c'est que le réalisateur ne perd pas de temps en présentations et en scènes d'exposition, tout ceci a été fait dans le film précédent, il appuie donc sur l'action, et ça démarre très fort avec la grande scène d'intro à la Tour Eiffel où Superman sauve Paris de la destruction ; les Fx de cette scène sont plutôt réussis. Lester embraye ensuite sur une romance entre Loïs et Clark, des passages où il est moins à l'aise que dans certaines scènes plutôt comiques. Le second morceau de bravoure réside dans la bagarre homérique entre les Kryptoniens dans les rues de Metropolis pour laquelle une rue entière grandeur nature fut construite avec de fausses voitures en carton, elle est assez démente mais évidemment accuse son côté kitsch, on se prend à rêver que si une telle scène avait pu être faite de nos jours avec des Fx numériques, ça aurait sacrément déménagé.
L'aspect iconique de Superman en prend aussi un petit coup, car il perd momentanément ses pouvoirs au profit des sentiments qu'il a pour Loïs, mais tout ceci est vite rattrapé par des scènes d'action bien orchestrées sur le thème musical de génie de John Williams, le rythme est plus soutenu et l'intrigue bien conduite sans les longueurs du premier opus, les acteurs sont mieux étoffés, notamment Christopher Reeves est bien plus à l'aise, d'où le fait que je préfère nettement cette suite, contrairement à la plupart des gens, mais j'assume entièrement.

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le 10 oct. 2018

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Ugly

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