Alors comme ça, Superman 3 est une comédie. Les deux premiers pouvaient être drôles par moments, mais cette fois-ci c'est ce qui marque en premier : le comique est tout ce qui reste à une série usée par les dissensions, le dernier moyen de ressusciter l'âme d'un premier film explosif.
Digressif, le film ne tarde pas à précipiter ses séquences comme des petits sketchs déconnectés les uns des autres et remplis à ras bord de trucages laids et d'incohérences monstrueuses qui auraient fait tâche même en BD. La triste réapparition d'une Loïs menée expéditivement par une actrice frustrée témoigne du fan service indigne qui nous est réservé. Puis arrive Dark Superman, la version amère et égoïste du héros qu'on doit à un bout de kryptonite frelatée.
C'était une bonne idée, ainsi qu'un potentiel moyen de se réconcilier avec le public après cette débauche de paresse. Cependant Lester oublie visiblement que Superman ne doit pas d'être "super" à ses seules actions de force, mais surtout à son charisme (et à celui de Reeve, qu'on enfermera ici dans la monovisagite).
En négligeant tout à fait les effets psychologiques d'un superhéros quasi-invulnérable (leur intégration, même lacunaire, était une force de la série), il en fait une marionnette, un bête produit dérivé du Superman plein de dilemmes qu'on connaissait jusqu'ici. D'ailleurs, plus aucune action n'a de réelles conséquences : Dark Superman repartira comme il sera venu, ayant à peine eu le temps de se confronter au rejet (on parlait de laisser tomber une société entière ; big deal, right?), et réhabilité comme si de rien n'était une fois qu'il aura renoué avec ses BAs (wow, il a empêché la marée noire qu'il avait causée lui-même, quel héros).
À la trahison du public, Superman 3 ajoute donc la trahison du personnage. C'est un grand n'importe quoi qui aurait dû mourir dans l'œuf et qui a bien de la chance que Reeve daigne lui conférer un peu de l'aura des premiers films.