Je ne gardais aucun souvenir de ce film. Le revoir m'a rafraichi la mémoire. Oui, j'avais déjà vu ce truc, mais mon cerveau, par pur instinct de survie, avait décidé de faire coupe-circuit et d'effacer toute trace de cet horreur. Cerveau, si tu m'entends, recommence, par pitié.


Je ne sais même pas par quoi commencer. Le budget revu à la baisse - mais les résultats au box-office lui feront gagner le double de ce qui a été mis sur la table, l'escroquerie étant ainsi complète - c'est les effets spéciaux qui trinquent les premiers. On s'en rend compte rapidement, à la première scène de vol de Superman. Mon dieu cet incrustation tremblante du personnage... Du coup je vous raconte pas cette baston au-dessus New York, euh je veux dire Metropolis bien sur, ou les acteurs accrochés à des harnais gigotent devant un fond d'écran diffusant des images filmées aériennes. Je ne vous raconte pas non plus les divers effets visuels à base d'éclairs, de rayons lasers et autres conneries du même genre accentuant le coté comics du métrage, mais surtout le coté kitsch et nullissime du bouzin. Dans le genre pouvoir pourri qui m'a bien fait rire, on voit Superman reconstruire une Grande Muraille de Chine en partie détruite via un rayon projeté par ses yeux ayant un effet Minecraft, les blocs parfaitement carrées reprenant leur place miraculeusement.


Le scénario, quand à lui, semble être issu d'un concours intitulé "nanarisons la licence". Notre héros se retrouve à devoir détruire les armes nucléaire avec la collaboration sans sourciller de l'ensemble du monde, et pendant ce temps, Luthor reprend du service et crée un super méchant mais oublie de lui donner un cerveau. Mais c’est compensé par les muscles, la vilenie de la chose et les éclairs qui jaillissent de partout parce que le réalisateur devait trouvé ça cool. Et pendant ce temps, le Daily Planet est racheté par un requin de la finance qui fait dans le capitalisme pur et dur avec ses unes provocantes. Déjà comme ça c'est nul, mais en plus ça ne dure qu'une heure et demie, et du coup tu sens bien que quelque chose n'est pas à sa place. Bingo, il manque 3/4 d'heure qui ont été coupé au montage. Sauf que là c'est du massacre et blindé d'incohérences. Genre le cristal vert kryptonien qui ne peut être utiliser qu'une seule fois mais qui possède encore toute sa puissance alors que dans les deux premier opus, le dit-objet avait déjà bien aidé le héros. C'est à croire que les scénaristes n'ont même pas visionnés les précédents films. Et Christopher Reeve à participer à l'écriture du scénario. Oui. Pauvre garçon, tomber si bas.


Surtout qu'on a plus le même plaisir à le retrouver dans son rôle fétiche. Les transitions niveau interprétation entre costume et journaliste ne sont plus aussi marquantes, et notre gusse se voit condamné à faire de la comédie une fois de plus via cette séquence interview/diner aussi crédible qu'un épisode de sitcom. Margot Kidder a pris un coup de vieux et n'a plus toute son énergie de reporter hargneuse, et les habituels seconds couteaux du journal ne sont plus qu'anecdotiques. C’est triste de voir toute cet équipe auparavant aussi dynamique et efficace se faire défoncer avec une telle vigueur.


Et les méchants ne remontent pas le niveau. Gene Hackman vient se paumer dans cette farce et nous rejoue son aspirant criminel légendaire, accompagné de son neveu à la tête de vainqueur que t'as envie de le gifler tellement il est irritant. C’est le retour des combines pourris à base de déguisements et de cabotinage insupportable. Tout ça pour créer un un nouvel antagoniste parfait mix entre n'importe quel personnage de BD lambda fringué en mode carnaval et d'un Conan le barbare demeuré pour la partie intellectuelle. Nuclear Man, dont les répliques se contentent de quelques phrases laconiques quand il arrivent à articuler autre chose que des borborygmes et autres sons gutturaux proche des grognements d'un animal énervé, enfonce définitivement cette bobine dans les tréfonds de la série B nanardesque. Tout les pouvoirs de l'homme d'acier ne seront pas suffisants pour sauver l'épave du naufrage le plus total.


Et il reste bien sûr l'ultime ennemi, celui qui s'en sort comme de rien n'était et qui se lave bien les mains du traitement donné à l'un des plus célèbres superhéros. Et je montre du doigt toute l'équipe de production ayant opéré sur cette boucherie. Que dire du gros doigt d'honneur fait à la science dans cette séquence où une humaine se retrouve kidnappé dans l'espace mais continu de respirer comme si de rien n'était ? Pas grand chose, et c'est malheureusement dans le ton global de tout ce que nous a montré le film jusqu'alors. Une expérience farfelue ratée commise par des irresponsables qu'on devrait enfermer à vie, ne serait-ce que pour éviter qu'ils donnent des idées de merde à autrui. Il n'y a vraiment rien à sauvé de cet étron, même en y mettant la meilleure volonté du monde. Un premier décès de l'homme d’acier, et ce, bien avant l’apparition de Doomsday. RIP Blue Boy.


Et j'incite du coup tout les aigris de la vie, ceux qui crient à la bouse infâme dès qu'un détail insignifiant ne correspond pas à leur vision égoïste et qui défoncent des oeuvres aux qualités quantifiables comme si c’était un sport national à visionner ce métrage histoire qu'ils voient une bonne fois pour toute ce qu'est un vrai mauvais film.

auty
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le 29 janv. 2016

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