"Donner c'est Donner. Reprendre c'est voler."

Superman appartenait tellement aux années 70 que de l'introduire dans les années 2000 fut chose ardue et difficile.
Tout les cinéphiles avertis connaissent désormais les déboires de la mise en chantier d'un Superman 5, d'un Superman Reboot, Flyby, Lives, etc, etc...
Autant de projets avec autant de noms aussi célèbres les uns que les autres, autant de scandales comme le fût celui entre Kevin Smith et Tim Burton, qui représenteront 50 millions de dollars en pré production, en concept art, en scènario, en salaires d'acteurs.
De l'argent qu'à utilisé Warner pour acheter du vent sur pas loin de 15 ans, juste parce qu'ils ne savaient pas quel script leur ferait vendre le plus de jouets.
Notamment au milieu de cette fanfare d'absurdité, figure le nom de Jon Peters, un homme qui, par exemple, aura voulu a tout prix que sur le Superman Lives de Burton, Kal El ne vole jamais, qu'il ait une Super Mobile, qu'il affronte une araignée géante à la fin.
Milieu des années 2000, la Warner soucieuse et sentant un procès monstre pret à lui venir bouffer le cul (qui reviendra pour Man of Steel) se dit que finalement le mieux est de laisser carte blanche à un Bryan Singer qui a déjà fait ce genre de film.
Et Bryan soucieux, se dira finalement que le mieux est de laisser carte blanche à un Richard Donner qui a déjà fait ce genre de film.

Sans vilains jeux de mots, à singer le Superman original, Bryan n'en tirera que des pitreries.
Non seulement content de lui voler sa structure scénaristique, il lui volera aussi son Jor El, sa musique.
Autant de choses que le commun des réalisateurs sait faire.
Mais quand il en vient à diriger ses acteurs, ce n'est plus la même limonade.
Singer montre ses faiblesses et se rend compte que par adoration de Donner ou manque d'inspiration, il s'est aventuré sur un terrain qu'il connait très mal.
Et donc Spacey livre une performance catastrophique, Bosworth n'arrive à trouver aucun charisme et joue comme une actrice de Newport Beach, Sam Huntington est aussi marrant qu'un sac de riz.
Seuls rescapés: Langella et Routh qui se démerdent pas trop mal.

Pourtant ce n'est pas la "Donner mania" de Returns qui le fait basculer du mauvais coté de la barrière.
D'une part, on a droit à beaucoup d'éléments bizarres, pour ne pas dire troublant, pour ne pas dire terrifants.
Comme Lex Luthor qui ouvre le film (passons le générique qui fait exploser Krypton pour rien mais c'est bô) attendant le décès d'une octogénaire richissime à qui il lui aurait fait découvrir des joies sexuelles qu'elle n'aurait jamais connu...
Mais pourquoi ?
Pourquoi dans un film vu surtout par des enfants, il y'a ca ?
Idem, ca ne manquera a personne, le coup de Superman qui espionne Lois.
La encore, ca frole l'abject.
On se gratte la tête un bon coup avant de voir qu'au générique figure le nom de Jon Peters.
Ah...

D'autre part, le problème de Returns est d'offrir des choses interessantes qui ne seront jamais developpées.
Superman est parti sur Krypton pour y trouver des ruines et revient... Quelles en sont les conséquences ?
Ah bah aucune, il est revenu brocouilles et pis c'est tout.
Ca encore, ca pourrait passer.
Cependant le fiston de Clark sert de coup de grace.
A priori quoi de plus beau et fort qu'un homme qui a toujours été à la recherche de son vrai père, se découvrir lui même père d'un enfant qui en partage deux lui aussi.
Et bah non, le film préfère utiliser le gamin comme outil scénaristique pour défoncer des portes et des pianos.

Je conclus cette critique sur une note post Man of Steel.
Superman Returns a souvent été décrié à sa sortie. Je reconnaitrai que je ne suis pas tendre avec lui et pour cause je lui met 4, avec tout de même le souvenir de belles séquences comme celle de l'avion et les retrouvailles de Clark et Lois sur le toit du Daily Planet.
Mais ce qui m'a étonné, était que dans les repproches souvent adressés à Returns figurait celui de "raconter encore et encore les origines de Superman".
Hors à l'exception de quelques flashbacks, le film ne cherchera jamais à faire ca.
Man of Steel passe beaucoup plus de temps à faire le récapitulatif avec les résultats que l'on connait.

En copiant un film des années 70, Returns était devenu un film des années 70. Il est sorti à une période ou les gens ne voulaient plus voir un super héros défaire le plan d'un méchant: ils voulaient le voir lui peter les gencives.
Quand on y reflechit Returns ne manque pas tant d'action que ca.
Mais il manque de coups, de baston, d'envoi de voiture de la gueule.
Le peuple l'a voulu, le peuple l'a obtenu dans Man of Steel, en donnant raison encore une fois au proverbe anglo saxon "Be careful what you wish for".
Dans Returns, on doutait de la morale d'un Superman voyeur.
On se dit qu'à coté du Snyder, finalement, c'était relativement inoffensif.

PS: Au fait juste au passage, Peters produira aussi Man of Steel. Comme quoi...
HugoShapiro
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le 22 juin 2013

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HugoShapiro

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