Sweet Sixteen par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Liam vit comme il peut dans les misérables faubourgs de Glasgow une jeunesse difficile. Sa famille est dévastée par les aléas de l'existence. Sa mère Jean qui vit avec un dealer minable est incarcérée et sa jeune sœur Chantelle est mère célibataire.Or Liam voue un véritable culte à sa mère laquelle doit sortir de prison la veille des seize ans de son fils. De ce fait, il n'a qu'une idée en tête: délivrer sa mère définitivement de sa misérable vie et lui offrir un peu de bonheur en lui achetant une caravane. Mais dépourvu de travail, l'argent lui manque pour réaliser ce vu. Aidé par quelques uns de ses bons copains, il va inventer quelques combines plus ou moins honnêtes pour parvenir à ses fins . C'est alors que commence l'escalade, Liam vole la drogue cachée par son beau-père et tombe sous la coupe d'un caïd qui lui offre même une pizzeria afin de faciliter l'écoulement de la "marchandise". Chantelle tente de le raisonner et de le dissuader afin qu'il revienne à la raison mais rien n'y fait. Liam est pris dans un engrenage infernal et la vie qui paraissait s'éclaircir va devenir un véritable enfer pour lui.


Ken Loach nous livre un film dur, émouvant et fataliste. Il nous décrit avec beaucoup de sensibilité et de lucidité un adolescent de seize ans, vivant dans les quartiers défavorisés de Glasgow. Liam est élevé par sa mère, femme déchirée et meurtrie par la misère, les injustices et par un compagnon ivrogne, violent et toxicomane. Dans cette société, nulle pitié et nul pardon pour elle, la prison devient par la force des choses son refuge et son univers. Bien naturellement, Liam reste très attaché à cette mère, sa compagne d'infortune, qui lui voue tout son amour. Lui qui n'a pas eu le temps de "vivre" sa jeunesse, lui qui a vieilli trop vite, va devoir prendre par tendresse des décisions qui le dépassent. Il n'a qu'un objectif: que sa mère et lui puissent avoir droit un jour à un coin de ciel bleu pour pouvoir profiter enfin de la vie comme les privilégiés .Cette maturité précoce n'empêche pas la naïveté à cet âge où l'enthousiasme l'emporte parfois sur le bon sens,et cette société injuste est souvent là pour le lui rappeler cruellement.


Voici une analyse pleine d'humanité d'une société injuste pour ces gens pris comme des insectes dans une toile d'araignée, se débattant désespérément puis, lassés et épuisés par une lutte trop inégale, se laissant avaler. Ce film est très beau et très réaliste car il montre de fort belle manière la disparité des couches sociales et les drames qui en découlent, dans ce monde sans pitié ni complaisance qui nous environne. L'interprétation de Martin Compston dans le rôle de Liam est remarquable de naturel. On ne peut qu'aimer le personnage qu'il incarne et ressentir une profonde affection pour lui. Il a pris ce rôle à cœur, il est tendre, volontaire et révolté par la force des choses, comme beaucoup de jeunes de notre époque, incompris et laissés pour compte à la périphérie des grandes villes. Annmarie Fulton, la sœur de Liam qui tente, elle aussi, de survivre tant bien que mal et sa mère Jean, interprétée par Michelle Coulter, ne peuvent qu'émouvoir dans leur lutte désespérée pour oublier une dure séquence de leur vie..


Ce film est pour moi un documentaire réaliste et émouvant par son sujet, son atmosphère et ses dialogues . Je le conseille à tous, notamment à ceux qui ne comprennent pas " la maladie " qui frappe les exclus de notre société. A ce propos, Ken Loach est un fidèle témoin et un excellent avocat pour les êtres qui souffrent de l'injustice, de l'indifférence et de l'incompréhension d'un monde qui les marginalise.


Ce film à remporté:



  • Prix du meilleur scénario au Festival de Cannes 2002.

Grard-Rocher
8
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Créée

le 16 mai 2014

Modifiée

le 13 juin 2013

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