Entre les valeurs traditionnelles et le progressisme, cette chronique indienne se place comme un témoin de notre temps. Parmi des frères violents et un père prédominant, Titli ("papillon" en indien) semble totalement bloqué dans ce fossé. Alors le jeune garçon n'a qu'un seul désir : s'envoler, à tout prix. Quitte à faire du mal à des inconnus. Quitte à trahir ceux qu'il aime.
Les rapports entre les personnages ne sont que violence et conflit. La mise en scène très crue (décors réels, tremblements du cadre) et le manque de moyens techniques (qualité sonore) participent au réalisme de cette chronique, âpre et grave. En engageant des comédiens non professionnels et son propre père pour jouer la figure patriarcale, Kanu Behl ne quitte jamais vraiment ses origines de documentariste. Par cet aspect, Titli représente un triste miroir de la société indienne. Par sa perversité et ses inégalités, celle-ci est parvenue à transformer un jeune innocent en un animal menaçant.
Marié de force avec Neelu, ce faux couple démontre encore et toujours la misogynie d'un État pétri d'invraisemblances. Quand l'un pense à la fuite, l'autre s'imagine dans les bras d'un homme qu'elle ne devrait pas aimer. Mais il ne faut pourtant pas se leurrer. Tout le monde ment, pour une raison ou pour une autre. Alors qui est le méchant de l'histoire ? Personne. Tout le monde est ici victime de son destin. Néanmoins, ces deux personnages incarnent une nouvelle dynamique et un possible renouveau. L'espoir reste de mise et leurs parcours, à construire.
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