C'est le 3ème film de Sono Sion que je regarde. Après un "Suicide Club" franchement sympa, mais peut-être pas assez aboutit et un "Love Exposure" très spectaculaire, mais imparfait, j'étais assez curieux de voir ce "Tag". Surtout que la bande-annonce envoie du paté. Des scènes violentes décomplexée et dont la mise en scène semble être efficace, moi ça me parle. Et en plus, il y a la délicieuse Triendl comme actrice principale donc allez, lançons le film.
Alors que le film commence par une mise en scène très efficace, comme on en à l'habitude d'en voir avec le réalisateur, on se rends très vite compte que le film se tape un délire cauchemardesque à base d'une narration décousue. Malheureusement, on se rends compte également que si la mise en scène est efficace, ben les effets spéciaux ne suivent pas. Alors, il n'en faut pas spécialement beaucoup je pense pour que ça soit convaincant, mais il serait quand même temps de se rendre compte qu'il faut faire des efforts. Et malheureusement, ça commence à se voir très fort que le cinéma Japonais est fauché. Comme cette scène où il y a un crocodile qui croque une lycéenne japonaise en plein dans le vagin. La mise en scène marche parce que ça sort de nulle part, et c'est un peu un rêve dans un rêve, on se sent perdu, comme le film en a l'intention, tant mieux, c'est une bonne expérience méta. Mais le problème c'est qu'on a des gros plans sur ce crocodile en carton pâte dont on a suffisamment de temps pour apprécier la marionnette ridicule et de se poser la question de savoir si c'est du lard ou du cochon. Du coup, le délire marche à moitié vu que ça te sort du film. Dommage.
Et malheureusement, les effets numériques ne sont guère mieux. Parfois, les effusions de sang utilise des effets à base de ketchup, et ça marche, parfois il s'agit d'effet numérique complètement dégueulasse sûrement réalisé par un stagiaire qui venait d'apprendre à utiliser le logiciel After Effect. Après, le film est rempli de bonnes idées, notamment sur le montage et la narration qui semble nous emmener d'un cauchemar à un autre grâce au miroir, devant lequel l'héroïne change d'apparence et d'identité, qui permet d'enchainer les scènes de manière très fluides.
Alors, comme souvent, dans le cinéma japonais, le fond est ce qu'il y a de plus important, et la forme est uniquement collée par dessus. C'est-à-dire qu'il ne faut pas essayer de chercher du sens au scénario dans sa lecture superficielle, mais qu'il y a bien du sens à tout ce bordel dans le sous-texte. Là encore, le sous-texte qui délivre un message féministe assez pessimiste sur l'émancipation de la femme est intéressant, mais c'est largement insuffisant pour faire un bon film.
Alors j'ai lu qu'il s'agissait de l'un des six films (!!!) réalisé par Sono Sion en 2015 et qu'il ne s'y était pas impliqué plus que ça, surtout qu'apparemment, il s'agit d'un film de commande et qu'après ce dernier il s'est promis de ne plus jamais en réaliser. Ainsi on peut comprendre d'où provient ce manque de passion malgré quelques fulgurances de mise en scène qui vous resterons en tête pendant plusieurs jours. Et c'est tout ce que je retiendrais de ce film franchement moyen (et c'est gentil), des petites culottes, des adolescentes ultra naïves qui se tapent des délires candides d'adolescentes naïve dans un délire candide, et puis qui se font violemment tranchée dans un délire des plus sanglants. Un film à voir ceci dit pour les plus curieux, mais uniquement pour la qualité de sa mise en scène.