Concluant une sorte de trilogie de la mécanique des femmes et de l’amour, Frédéric Fonteyne signe avec Tango Libre un film en demi-teinte avec du bon, du beau et du mauvais.

Une prison, pendant une période indéterminée et dans un lieu indéterminé et un homme : JC, gardien de prison psychorigide qui se passionne pour ses cours hebdomadaires de tango. Il y rencontre Alice, une nouvelle, danse avec elle et commence aussi à sentir son cœur battre. Mais la chance n’est pas au rendez-vous, car il revoit très vite Alice mais en visite dans sa prison. Elle vient voir son mari et père de son gosse, mais aussi son amant et complice de son mari. Les relations entre gardiens et visiteurs sont proscrits. Est-ce que JC est prêt à renier tous ses principes pour une femme ?

Après un film culte (Une liaison pornographique) au titre provocateur et une honnête adaptation de La Femme de Gilles de Madeleine Bourdhouxe en plus ou moins dix ans, Frédéric Fonteyne a acquis une certaine renommée marquée surtout par les années séparant chacun de ses longs métrages. Depuis son dernier film, huit ans ont passé et pour garder confiance, Fonteyne se plaît à rappeler ce qu’il appelle lui- même « sa famille » : sa femme Anne Paulicevich, Sergi Lopez (Une liaison pornographique), l’acteur flamand bilingue Jan Hammenecker aperçu dans son premier long métrage (Max et Bobo) ou encore une équipe technique fidèle. Mais on trouve aussi de nouvelles têtes : François Damiens ou l’acteur du film Les Géants, Zacharie Chasseriaud qui rejoignent le tournage.

Fort de son casting et de son équipe rassurante et performante, Fonteyne laisse toutes ses envies trans- paraître à l’écran. Aussi bien dans les moments de grâce comme les scènes de tango dans la prison, la gouaille et le phrasé de Sergi Lopez toujours aussi époustouflant et le jeu tout en retenue et tristesse de François Damiens, que dans les moments les plus étranges. Car ce film quitte toujours sa ligne de conduite et perd souvent le spectateur en voguant entre film social, comédie romantique, polar, sur- réalisme, etc. et un final grand guignolesque troublant. Le bon, le beau et le mauvais.

Le film n’est pas pour autant repoussant et cela grâce à ses comédiens qui en veulent et qui défendent le film par leur grâce ou leur énergie. Le duo Sergi Lopez et Jan Hammenecker est savoureux, Anne Paulicevich est sensuelle malgré qu’elle ne fasse pas partie des standards de beauté actuels ou encore le jeune Zacharie Chasseriaud, une nouvelle fois impeccable. Ce dernier prouve qu’il a du talent. Seul, le héros, l’acteur principal (François Damiens) tangue entre jeu tout en retenue et retard sur ses partenaires.

Tango Libre subjugue tout le monde par ses acteurs et ses scènes de tango impeccablement filmées mais pêche par son manque de continuité et s’engouffre dans un melting pot de situations qui gâche un peu l’énergie poétique du film. Le bon, le beau et le mauvais.
LoïcSmars
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le 18 août 2013

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