Film sur le délire interprétatif. Un personnage happé par la ville. Sans nostalgie "d'un monde d'avant", sans repère, avec un instinct qui l'appelle, vers des idéaux. Humains. Pris dans le spectacle. L'introduction met en avant le point de vue total de la vie de Travis, la caméra est son oeil. A Travis Ah, mais c'est Hollywood? Non, la caméra est le point de vue du tout puissant spectateur,voyeur. Déconnecté. Bon film sur un aspect du New York de l'époque, période brumeuse des soulèvements idéologiques, apogée de la rébellion et de sa représentation dans le système capitaliste. Nouvel Hollywood. Scorcese n'est pas allé jusqu'au niveau d'Antonioni ou de Pasolini, ou Godard. Mais réussi la synthèse entre le cinéma de poésie et le cinéma de la prose. Ce genre de film n'est plus d'actualité, dans le contexte d'après 80. Il n'y a de place que pour Matrix, ou Gone Girl ou Inception. Le monde de l'irréel, dans la même veine que Taxi driver, sur l'aliénation de l'homme: mais aujourd'hui, il n'y aurait plus de référent concret, même plus de monde, eut il été sale comme les rues du New York de Taxi Driver. La fin est ridicule, horrible moralement, inutile cinématographiquement, sauf le dernier plan. Mais dans le contexte, ça ne veut rien dire.