On pourrait disserter des semaines sur les qualités de ce film, un pur chef-d’œuvre, peut être même le seul vrai joyau de Scorsese. Celui qui, sous mes yeux, dans mon cœur brillera pour des millions d'années.

On a tout dit sur le récit, son effarante maîtrise, entre journal intime d'un timbré et balade nocturne dans les rues de New York, cette ville-poubelle qui n'existe plus que dans ces vieux films, saccadée et suintant la fange, les ordures, les vapeurs de dégoût des égouts, les images au naturalisme coloré, atmosphérique, cet écrin doucereux pour ce seuil indécis qui précède la folie, l'accompagne, et cette voix off, qui t'offre, sans ombrage, la Bickle litanie, son journal testamentaire.

On a tout dit, tout écrit, sur la musique et, crois-moi quand je t'assure que je déteste le saxo, pourtant Herrmann pose des notes éternelles, et pas seulement parce qu'elles resteront sa dernière bande-originale, juste parce qu'imaginer ce film sans est impossible tant sa mélopée reste un personnage à part entière.

On a tout dit sur les acteurs, sur DeNiro, perdu, tendu, sur la corde, sec, juvénile et déjà totalement brisé, prophète lucide témoin de la déliquescence d'un monde qu'il ne supporte plus, cherchant, désespéré à s'intégrer avant de tout exploser, sur Jodie Foster aussi fragile fleur d'Iris enfant-femme, pute en mini-short, sur Cybill Sheperd, Betsy belle comme un clair de lune, inaccessible pareil, sur Harvey Keitel, magistral sport pimp, et sur le sorcier Peter Boyle ou Joe Spinell.

Tout. On a déjà tout dit.

On a tout dit sur l'explosion punk finale, sa violence millimétrée et son nihilisme absolu.

Tout.

Sauf peut-être ça, et tu t'en battras sûrement l’œil, mais comme Patrick, je le dis quand même.

Moi, je devais avoir quinze ans, grosso merdo, et c'est avec ce film que j'ai su que Scorcese, DeNiro et moi, c'était à la vie à la mort.

Depuis ils sont morts.

DeNiro dans la scène finale de Heat, abattu comme un clébard par un Al Pacino visiblement un peu jaloux, Scorsese, de tristesse et de désespoir, enterrant sa viscérale attitude en s'accoquinant avec un Léo poupon et superficiel.

Djieke.

(qui s'en va, descendre quelques arpèges à la mémoire de ces gens, qu'il aime à retrouver, même si, ça lui pique toujours un peu les yeux).
DjeeVanCleef
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le 29 sept. 2013

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DjeeVanCleef

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