Adapté d'un roman de Larry McMurtry, le film dépeint la relation fusionnelle et tumultueuse d’une mère et de sa fille, Aurora (Shirley MacLaine) et Emma (Debra Winger).
James L. Brooks tire le meilleur tout en concevant une vraie œuvre de cinéma, à la construction ambitieuse sous sa dimension intimiste. Il n’avantage aucun de ses modes de vie mais chacun va se fissurer peu à peu.
Le montage alterné fait merveille pour illustrer ces destins en parallèle, mère et fille partageant toutes leurs expériences au téléphone. La distance et les désaccords ne sauraient briser cette connexion, seule planche de salut lorsque tout s’effondre par ailleurs. Shirley MacLaine est fabuleuse en psychorigide s’abandonnant peu à peu (et renouvelant magnifiquement son registre ,pétillante comme d’habitude) et c’est cette raideur qui semble canaliser un Jack Nicholson qui réfrène les tentations de cabotinage qu’on peut craindre à certains moments. La scène de leur première nuit est une pure merveille, Nicholson perdant sa décontraction goguenarde face à la vigueur inattendue d'Aurora .
Et que dire de l'interprétation bouleversante et à fleur de peau de Debra Winger
Ce voyage intime nous prépare ainsi à une bouleversante conclusion où ces transformations auront eu pour but de rendre la mère et la fille apte à répondre courageusement à un cruel destin. Là encore la finesse de Brooks opère, l’émotion si criante ne cédant jamais au pathos
Une œuvre magnifique, sensible et originale qui fera un triomphe avec pas moins de 5 Oscars