La machine contre l'homme et la machine

Revoir Terminator (expérience très télévisuelle pour ma génération née dans les années 80), c'est un peu de nostalgie de ces bandes magnétiques qui se coincent dans le magnétoscope mais c'est aussi ces plastiques de héros très, très stéréotypées. Pas de gueule, plutôt des visages de cires qui contrastent avec des effets visuels encore archaiques.

Enfin aborder terminator, c'est aussi constater que le thème marxisant de l'homme contre la machine semble mis de côté pour la relation l'homme et l'objet. Alors que le héros arrive nu, sans artifice, d'un monde où l'objet avait pris le contrôle, il se retrouve projeté dans le monde des années 80 où la société de consommation a pris le pas sur le modèle hippie des années 70.

Certains personnages souffrent de dépendances à l'objet jusqu'à devenir des prothèses. La colocataire de Sarah Connor est pratiquement reliée à son baladeur durant presque toutes les scènes. Elle le garde sur les oreilles jusqu'à son dernier souffle (ou presque). Son appareil, au lieu de la sauver, la maintient à distance des autres êtres humains (entre autre des cris de son petit ami qui se fait maltraiter par un Schwartzi bien remonté) et la mène à sa perte.

Alors que le héros cauchemarde devant des machines de chantiers, son combat contre le terminator se fait toujours par l'intermédiaire d'autres machines considérées comme obéissantes. La voiture, cheval moderne de la décennie (voir le générique de K2000), joue un rôle cruciale que ce soit dans la fuite ou dans le combat. De plus elle est le seul refuge inatteignable pour le robot (le motel est identifié, le commissariat dévasté "I'll be Back"). Cette machine est d'autant plus docile que le conducteur humain est même supérieure au conducteur robotique (ou tout est calcul et prévision) jusqu'à devenir le seul moyen de le surprendre.

Enfin la scène finale explique pourquoi Marx s'est bien planté. La machine censée représenter le mal absolu, la chaine de montage devient celle de la délivrance pour l'héroine. Je m'explique le Terminator est finalement réduit à un tronc alors qu'il poursuit Sarah Connor. Elle le conduit sur un tapis roulant puis sous une presse, se libère et effectue le dernier geste encore admis dans l'industrie automatique: appuyer sur un bouton. Charlie Chaplin et ses temps Modernes, quelle blague!
Merci Reagan, Merci le boulot: la machine sauve l'homme contre la machine.
Soopadogg
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le 28 mai 2012

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