Bon dieu que j'aime ce film. Terminator me fascinait quand j’étais gamin, pour plusieurs raisons. Déjà, je n’avais pas le droit de les voir, le 1 comme le 2, les seuls qui existaient alors. Et qui auraient jamais du exister. Les quelques fugaces images que j’ai pu attraper me donnaient follement envie. Quand j’ai enfin pu enfin voir les deux films un peu avant mes 10 ans, j’étais fichu : Ils ont tout de suite fait partie de mes films préférés, et c’est toujours le cas. James Cameron réalise véritablement son premier film ici, dont il a écrit le scenar et sur lequel il a le contrôle artistique, bien qu’il doive composer avec un petit budget.


L’histoire qui part de l’an 2029, c’est là que je me rends compte qu’il va falloir faire attention à la date de péremption car mine de rien si on a encore du temps, on s’en rapproche gentiment. Je ne vous ferais pas l'offense de vous raconter le pitch. Parlons donc directement du protecteur de Sarah, Kyle Reese, joué par Michael Biehn. Et si dans la culture populaire tout le monde connait le Terminator et Sarah Connor, son rôle est assez injustement oublié car quelque part, il est le vrai héros de cet épisode. Il connait les tenants et aboutissants des faits : L’importance des Connor dans l’histoire du monde futur, d’ailleurs quelquepart John est présent dans le film simplement vu dans la manière dont il l’évoque. Kyle a vécu l’après guerre nucléaire, il connait les capacités du Terminator et enfin, c’est un soldat. Mais il est malgré tout très vulnérable : Tout d’abord il est déphasé dans cette époque qui n’est pas la sienne, jusqu’ici sa vie n’a été que survie dans les décombres, perte de proches et combats. Enfin, sa fragilité transparait dès le premier plan où il apparait.


Sarah Connor, jouée par Linda Hamilton, est l’héroïne qui est dépassée par tout ça, la jeune serveuse ordinaire, qui vit simplement avec sa colocataire, aime sortir le soir et faire la fête... rien à voir avec une maitresse femme forte et bagarreuse. Évidemment il ne va pas être évident pour Kyle de la convaincre qu’un robot tueur venu du futur veut la supprimer, ni qu’elle est celle qui va apprendre à son fils comment se battre. Le changement intérieur va se faire progressivement avec la survie et les affrontements avec le Terminator. Or même une fois convaincue de l’existence de ce dernier, elle est dans un certain déni de son véritable caractère, et cette ambivalence rend le personnage intéressant.


Mais venons-en au Terminator qui reste la star. LE Terminator, car le titre original c’est bien THE Terminator. Certes même en 1984 c’était loin d’être la première histoire de robot à apparence humaine, mais le mythe est remis au gout du jour avec un certain génie. Du reste c’est aujourd’hui une référence et le personnage le plus célèbre de Schwarzenegger. Mais pourquoi le Terminator est flippant ? Bien sûr il y a le physique qui en impose. Arnold était encore assez jeune et quand on voit le cyborg pour la première fois dans le film on a une vue imprenable sur cette montagne de muscle.


Mais il y autre chose : Vous pouvez chercher dans n’importe quel film avec un méchant humain. Même le plus implacable va parfois parler avec un des gentils, savourer son triomphe avant de le tuer, voire le retarder parce que le gentil l’aura convaincu pour une raison ou une autre. Même les plus expéditifs, généralement, les héros peuvent retarder leur mort ne serait-ce que de quelques instants. Là, non. Tu ne peux pas raisonner avec le Terminator. C’est une machine, il n’y a pas de « j’hésite, je patiente, je tergiverse ». Il est juste implacable, déterminé sur son objectif et rien ne peut l’en détourner. Il doit avoir une vingtaine de répliques dans le film, ce qui extrêmement peu.


On sent qu’Arnold adorait le personnage et qu’il l’a bien bossé. On peut ne pas y prendre garde mais à force de voir le film, on sent que ça a été pensé à chaque seconde, c’est une machine, il n’y a donc aucun mouvement superflu, mais ce n’est pas non plus saccadé. Cameron nous offre aussi régulièrement des vues subjectives du Terminator, qui analyse son environnement à chaque instant, et qui démontre régulièrement au cours du film sa sophistication.


Les effets spéciaux également sont sophistiqués pour l’époque même si aujourd’hui, alors que le film fête ses 30 ans, on pourrait considérer ça comme un défaut du film, car ils sont datés. Ce serait tout de même injuste en un sens mais je peux comprendre qu’un petit jeunot qui le découvre aujourd’hui trouve ça mal foutu. Pourtant ils étaient top. Je prends un exemple : A un moment, le Terminator est face à un miroir, son visage ensanglanté. Arnold est maquillé. Il se retire alors l’œil et là, oui d’accord, on voit sur certains plans que ce n’est plus Arnold maquillé mais un animatronic. Mais tout de même particulièrement bien fait, j’ai plus envie d’applaudir qu’autre chose. Non, le plus gros défaut sera lors d’une scène où le Terminator sera fait en image par image, son animation est particulièrement saccadée et c’est sans conteste le seul effet du film qui a immanquablement vieilli.


Je parle des effets mais bien entendu, le film est très ancré dans les années 80. La mode, les chansons qu’un personnage écoute à la radio, c’est incontestable il y a un peu kitsch là-dedans. Mais malgré quelques petites phases d’humour très distillées, surtout au début, c’est un film très sombre. Dans le premier sens du terme déjà, car il est résolument nocturne. Il y a quelques scènes de jour qui se suivent au début, mais la nuit englobe quasiment tout le reste du film. Et si l’atmosphère en 1984 est très pessimiste, c’est bien pire lorsque, occasionnellement, Kyle rêve ou évoque son futur. Les taudis souterrains où les gens meurent de faim, ce sont des scènes carrément déprimantes, la musique appuyant ce ressenti.


La bande originale est signée Brad Fiedel. Son budget était très restreint, ce sont des compositions électroniques qui prédominent. Le thème principal est aujourd’hui mondialement connu et les musiques de certaines scènes d’actions sont d’une violence rare. Il y a de bonnes idées d’effets sonores également, le Terminator est souvent accompagné de 4 coups rapprochés, censés être comme le battement de cœur d’un robot. Je trouve ça simple et génial à la fois.


Malgré toute la violence du film, l’émotion est intense. Kyle Reese a rêvé de Sarah Connor durant des années, il l’a aimé à travers le temps, et il voyage dans le passé pour la connaitre. D’ailleurs ce film a fatalement quelques paradoxes temporels assez appréciables en fin de compte. Leurs échanges sont simples mais rien à faire, le ton du film est tellement pesant, ils sont dans un tel état d’épuisement nerveux, je trouve que ça marche à merveille. Je note tout de même que (quel que soit son film) Cameron est spécialiste pour couper des scènes qui approfondissent ses personnages, et là encore, il en a coupé de belles. En fait, une en particulier, assez longue mais qui montrait Sarah impitoyable (coté qui ressortira dans le second) et Kyle marqué, lessivé, qui sentait qu’il n’était vraiment pas à sa place en 1984.


Plus intéressant encore, la mise en scène des explications de Kyle sur le futur, il en donne rarement dans des conditions banales. Il en donne dans le feu de l’action alors qu’ils fuient le Terminator, ou encore Sarah le voit faire dans une vidéo. Même lorsqu’ils sont isolés et calmes, ce n’est pas un simple champ/contre champ on est assis face à face et vas-y que je t’explique. Non, c’est accroupis dans un parking tout en essayant de voler une voiture, Sarah entrain de soigner une blessure de Kyle, ou encore ce dernier qui tourne le dos à Sarah car il parle de choses qui le touchent.


Sinon bien sûr je l’ai déjà partiellement évoqué, il y a la violence, l’action. Le Terminator est une menace qui dépasse Kyle et Sarah, il se relèvera toujours et les victimes collatérales seront nombreuses. Courses poursuites à pied, en voiture, gunfights, explosions… il y en a pour tous les goûts, et fait avec un certain sens du timing. Et LA scène d’action devant laquelle je me prosterne à genoux, c’est celle du commissariat. Mon dieu que j’aime cette scène. D’ailleurs c’est juste avant celle-ci que Schwarzy inaugurera son fameux « je reviendrai ».


Ah par contre pour les anti-VO, même si j’ai grandi avec la VF, je note qu’elle a tout de même des défauts. Un passage où deux policiers parlent à Sarah et lui disent que le « Terminator » devait simplement être un mec avec un gilet pare-balles et drogué contre la douleur devient tout autre chose en VF, et n’a aucun sens en plus. Prenez aussi ce moment où un loubard sort au Terminator « Fuck you asshole ». Traduit en « je t’emmerde, va te faire foutre » en VF. Pourquoi pas. Mais le cyborg plus loin dans le film ressort le « Fuck you asshole » qui est traduit différemment en français. Je sais que ça peut paraitre totalement anodin, mais ça ne l’est pas : Ca montrait que le Terminator apprenait des humains. Une fois encore, ce côté-là sera plus développé dans la suite.


Enfin, comment conclure autrement qu’en disant que Terminator est un film excellent ? Ses petits défauts s’effacent bien vite devant ses qualités. Je ne sais pas ce qu’un spectateur adulte qui le découvrirait en 2014 en penserait mais même s’il n’aimait pas, il pourrait sans doute comprendre pourquoi ce film est culte aujourd’hui. Il a déjoué tous les pronostics de l’époque qui prévoyaient au mieux un petit succès, en rapportant 10 fois son budget malgré sa classification pour adultes, et ce n’est que justice. Pour certains, la suite est supérieure. J'ai toujours hésité, personnellement.

Régis_Moh
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Arnold Schwarzenegger, Les meilleurs films de 1984, Les meilleurs films de science-fiction et Les meilleurs films avec une héroïne

Créée

le 2 mai 2016

Critique lue 1.4K fois

7 j'aime

2 commentaires

The Reg

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

7
2

D'autres avis sur Terminator

Terminator
drélium
9

Search mode

Non, je ne l'ai pas revu. Défendre Terminator... Défendre Terminator 3, je veux bien, là y a du challenge, mais The Terminator, rien que le titre, c'est la moitié de la planète qui s'incline...

le 23 août 2012

97 j'aime

40

Terminator
Gothic
8

Classe of 1984

The Terminator, c'est un film de genre noir thriller science-fiction action romance. The Terminator, c'est un deuxième long de Cameron écrit avec sa future femme. The Terminator, c'est une oeuvre...

le 3 févr. 2016

81 j'aime

20

Terminator
Torpenn
5

Le futur au conditionnel

Commençons par expliquer un peu le phénomène; d'abord, il y a un film de S-F à petit budget, une série B qui s'assume mais essaie de présenter aussi un petit quelque chose en plus, quelques...

le 22 août 2012

74 j'aime

43

Du même critique

Dragon Ball Z : Broly, le super guerrier
Régis_Moh
1

Broly, la super arnaque.

Si vous aimez ce film tant mieux pour vous. Mais moi pas. Personnellement, je m'en suis souvent pris plein la figure pour avoir dit que je ne l'aimais pas, alors je dois expliquer en détail pourquoi...

le 9 juin 2014

33 j'aime

27

2001 : L'Odyssée de l'espace
Régis_Moh
1

Et moi je te dis qu'ils en redemanderont ! Ne sous-estime pas le besoin de prétention des gens !

Un passionné d'art m'a dit qu'on pouvait trouver une justification artistique a n'importe quoi, que le cachet "expérimental" peut donner à des trucs plats des airs plus crédibles et créatifs. En...

le 27 avr. 2015

30 j'aime

10

Senna
Régis_Moh
2

Sennaportequoi

Journaliste : Un documentaire événement sur Senna, je ne vous cache pas qu'on l'attendait avec impatience ! Asif Kapadia : Je vous crois, j'espère que vous ne serez pas déçu. J : On peut vous poser...

le 14 déc. 2014

26 j'aime

2