25 ans avant sa sortie, toute la dialectique d'Avatar était déjà là. Des personnages se battent pour empêcher la technologie de détruire entièrement ce qu'il leur reste d'humanité. Ainsi, Kyle Reese veut sauver Sarah Connor, elle qui s'auto-proclame mère d'un iguane dans le film, seul animal à représenter la nature dans cet univers urbain et nocturne où la crasse se mêle à la rouille pour lier Homme et Machine dans une même déliquescence. Sarah comme dernière représentante de ce que Jake Sully réapprend chez les Na'vis dans Avatar : une connexion à la Terre, pour une manière plus apaisée d'aborder la vie dans ce qu'elle a de biologique, et donc de cyclique.


On reprochera à Cameron de condamner la technologie, tout en s'en servant pour mener à bien ses projets. Pourtant, on voit bien dès son Terminator que le propos est plus nuancé. Plus que la technologie elle-même, c'est bien l'utilisation que les personnages en font qui les condamnent. À ce titre, le film est assez prémonitoire dans son attaque de la technologie comme moyen de se couper du reste du monde : Matt parle au téléphone sans faire attention à qui il s'adresse, le répondeur devient un bon moyen de poser un lapin sans culpabilité, et le baladeur empêche d'être conscient de son entourage.


Le réalisateur définit finalement le rapport de l'humanité à la technologie comme un rapport de domination, mais n'oublie pas de suggérer qu'une relation symbiotique devrait être possible. Le Terminator apprend des humains, mais face à l'agressivité de l'espèce dans ce monde quasi-dystopique, apprend surtout à dire "Fuck you asshole". On notera par ailleurs que le soulèvement des machines se fait en temps de guerre, on pourra donc en déduire que Skynet a surtout agit par mimétisme et instinct de survie. Mimétisme et instinct de survie, car chez Cameron, même la technologie suit les règles de la biologie, Skynet étant définit comme un "réseau de neurones". Il ne s'agit donc pas de rejeter la technologie pour se reconnecter à la Terre-mère, car il s'agirait là de la même erreur que les humains commettent dans le film en rejetant la Terre pour la technologie. Plutôt, on apprendra à vivre avec elle dans notre différence.


On remarquera d'ailleurs que le final du film ne se situe pas dans une forêt ou autre milieu naturel où la faune et la flore se feraient instruments de destruction de la machine pour les protagonistes, mais bien dans une usine dans tout ce qu'elle peut avoir de mécanique. En utilisant la machine comme une ressource prolongeant son réflexe humain, Sarah parvient à lui retirer son pouvoir nihiliste.


Pour Cameron, il ne s'agit pas de tendre l'autre joue naïvement : L'Homme est conséquence directe de l'avènement des machines, et de ce fait se responsabilise face à cette culpabilité. Par l'effet miroir de la réplique de Sarah lors de la destruction du Terminator (le badass "You're terminated"), c'est bien l'aspect salvateur d'une utilisation consciente et active de la technologie qui est mise en avant. Le Terminator n'est donc pas symbole de la technologie dans sa globalité, mais plutôt de ce qu'elle nous fait perdre en humanité. Et la dialectique du film de trouver sa résolution dans une pulsion de vie fertile, afin de pleinement accomplir son destin d'être humain.

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le 25 févr. 2019

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