On peut dire que s’il y en a bien un au monde qui croit à la 3D et qui ne lâche rien, c’est bien James Cameron. Au fond, on a envie de le soutenir, le James, il est aimé, il a apporté beaucoup au cinéma et même si ce n’est plus trop le cas désormais, il essaie encore d’explorer de nouveaux horizons pour faire progresser le Septième Art. Mais pourquoi le croire ? Bien qu’adulé par une large population, sa 3D sur Avatar n’avait rien de vraiment transcendant ou extasiant (quoi qu’en disent les aficionados). Alors pourquoi vouloir continuer à suivre un homme qui réédite progressivement tous ses films en 3D ? Pourquoi vouloir suivre et écouter un homme qui prétend agir soit disant au nom d'un amour non dissimulé pour le cinéma alors qu'il agit ouvertement au nom l’argent et la notoriété? Vous l’aurez compris, il s’agit moins de critiquer Terminator 2, vu et revu par le monde entier et déjà chroniqué par de nombreux médias, que de s’attacher à parler du réalisateur et de l’apport que peut avoir la réédition du film en 3D.


L’amour du cinéma est un terme que nombre de personnes lui attribuent (et il n’en est pas l’unique détenteur). Ce qui est particulièrement paradoxal quand on voit le bashing fait à George Lucas, par exemple, à chaque fois qu’il retire une mouche de son film, ou encore lorsqu’on se rappelle à quel point toutes les évolutions majeures du cinéma ont eu une difficulté monstre à se faire accepter depuis sa naissance (l’apparition du parlant, la couleur et même le numérique). Encore plus difficile à comprendre lorsqu’on voit des cinéphiles s'insurger et crier à la licence commerciale sitôt qu’il y a plus de 3 films alors que le bon James Cameron prévoit déjà d’en faire 4 pour son Avatar alors même que le premier venait à peine de sortir; et ce sans parler des versions longues, mi-longues, très longues, un peu plus longues et j’en passe (et sans mauvais jeu de mots, s’il vous plaît). Mais on admettra volontiers cela pour lui : c’est dans les suites qu’il s’est toujours nettement illustré (T2 en est d’ailleurs un excellent exemple), ce qui rend son double discours plus difficile à cerner. Donc s’il est l’un des cinéastes les plus surcotés de sa génération, cela relève-t-il de la simple et pure escroquerie ou du fait qu'il n'est pas forcément un très bon conteur d’histoires (et que c'est dans celles des autres qu'il s'illustre pleinement) ?


Tout d’abord, si l’on doit traiter du film à proprement parler, on notera une très nette amélioration par rapport au premier opus. Plus dense, plus dynamique, mieux construit, mieux rythmé, plus drôle etc, T2 jouit d’un véritable power up non négligeable sur quasiment tous les aspects. Et il y a un point sur lequel le réalisateur semble avoir eu une sacrée opportunité, c’est que le dicton « plus il y a de l’argent, moins on est libre » ne doit certainement pas s’appliquer dans son cas. Et c’est sans aucun doute la clef du succès de ce film. Cameron n’est pas meilleur que nombre de ses confrères et pourtant il a certainement réussi à parfaitement doser à son bon vouloir tout ce dont cette suite avait besoin. Parfois au même titre que L’Empire contre-attaque ou Aliens, le retour, c’est bien le deuxième opus que tout le monde retient et préfère.


Et de quoi cette suite avait donc besoin ? Une bonne dose d’effets spéciaux pour rendre plus réaliste et terrifiant le méchant, manifestement. Dans le premier opus, le stop-motion rend le film à la limite de l’horrifique, son côté désarticulé jouant en faveur de l’impact sur le spectateur. Mais l’artifice est parfaitement visible. Or ici, ce devait réellement être bluffant pour les toutes premières personnes ayant vu le film car ça l’est encore aujourd’hui en Imax. Voilà l’intérêt de cette réédition, l’Imax et uniquement l’Imax. C’est assez formidable de se dire qu’un film de cette trempe, aussi ancien, parvienne à conserver son éclat d’origine et ne semble pas avoir pris une ride. Bien qu’un peu plus voyants et maladroits de nos jours, les effets spéciaux restent encore aujourd’hui très impressionnants. Le méchant T-1000 (Robert Patrick) prend une toute nouvelle dimension et l’histoire devient encore plus imposante. En contrepartie, la 3D démontre une fois de plus ici son manque d’utilité. Sans aucun doute, de nombreuses personnes vous tiendront cet éternel discours d’arnaque comme quoi cette fois-ci plus que d’habitude, la 3D est très bien utilisée. Non, une bonne fois pour toutes, la plupart des 3D sont parfaitement inutiles et ne servent qu’un ou deux plans maximum, spécialement prévus pour cela. Ici, c’est exactement pareil, seule une scène ou deux trouvent rétroactivement leur intérêt via la 3D, notamment la course-poursuite avec le camion qui est assurément époustouflante, ainsi que quelques rapides scènes d’action. Cette évolution technique que représente la 3D n'affiche ici qu’un intérêt très limité, censé justifier l’élévation du prix de votre ticket. Néanmoins, cette fois-ci, l’utilité de l’amélioration visuelle pèse dans la balance car elle permet réellement de donner un second souffle au film qui aurait, à n’en pas douter, fini par vieillir. Or voilà, si T2 apparaît comme une bonne cible pour une telle réédition, tous les films ne présentent pas cette même prédisposition et une telle démarche n’est que rarement considérée avec un minimum de réflexion par les réalisateurs/producteurs, nous offrant donc par moments des films d’un faible intérêt visuel.


Finalement, il résulte de cette remise en forme quelques scènes trouvant leur utilité en 3D, comme la course-poursuite avec John Connor enfant, et surtout l'Imax qui offre réellement une seconde jeunesse au film, notamment en remettant les effets spéciaux au goût du jour malgré leur désuétude progressive. Le film retrouve ainsi sa crédibilité d'antan. De plus, voir un tel phénomène de science-fiction sur grand écran, avec une qualité impeccable, représente une excellente occasion de vous replonger dans la saga et d'en déceler les détails que vous auriez manqués ou oubliés entre-temps. C'est certainement la meilleure occasion de la découvrir si vous ne la connaissez pas encore. Avec ce coup de pinceau, nul doute que vous réussirez à vous plonger sans difficulté dans cet univers pyrotechnique puissant, intense et inoubliable.

Notry
9
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le 12 avr. 2019

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