Annonce:
Vends ancienne poupée de porcelaine dénommée Brahms (Brahmsy pour les intimes) pour cause d'obsolescence flagrante. État juste correct, l'objet ayant été restauré au cours de deux mésaventures dans un lieu isolé de la campagne anglaise. Prière de s'en servir à l'avenir avec un vrai but en tête et épargner aux spectateurs de nouvelles divagations inutiles mettant en scène cette poupée.
Détails sur l'historique de l'objet :
Son premier usage remonte en 2016 par son créateur William Brent Bell dans "The Boy", ce qui reste sans doute comme la meilleure (ou la moins mauvaise) œuvre de sa filmographie pas franchement fameuse. Confié alors à une nounou américaine par un couple de vieillards qui voyait en la poupée l'incarnation de leur défunt fils unique, Brahms avait fait tourner en bourrique la jeune femme à coups de jumpscares ou de situations éculées et lui avait permis d'obtenir la catharsis nécessaire à son statut de femme violentée grâce à un twist final pouvant faire son petit effet... à condition d'oublier/ignorer que plusieurs longs-métrages du genre s'en étaient déjà emparés auparavant. On retenait néanmoins le malaise de sa situation de départ plutôt bien exploité sur la durée et vecteur d'une jolie ambiance de film de poupée maléfique à l'ancienne (contrairement à "Annabelle" toujours catalyseur de phénomènes extérieures à elle-même ou les "Chucky" au ton bien plus moderne) ainsi qu'une bonne prestation de Lauren Cohan pour donner une proposition sympathique à défaut d'être mémorable.
Sa deuxième utilisation est très récente avec "The Boy: La Malédiction de Brahms" en ce début d'année 2020 car il aura fallu visiblement quatre longues années à William Brent Bell pour se remettre du choc d'avoir pondu un film potable. Logiquement, le réalisateur a décidé de revenir avec l'objet qui lui a offert son dernier succès mais dont la première aventure n'appelait pas forcément de suite, la principale révélation autour de Brahms étant désormais éventée.
Malgré tout, ce n'est pas tellement là où le deuxième opus va le plus décevoir : à condition de fermer les yeux sur quelques virages très grossiers pour y arriver, le postulat prétextant le retour de Brahmsy entre les mains du petit garçon d'une famille traumatisée par une épreuve est acceptable (l'idée du transfert de l'enfant fragile et mutique sur la poupée colle bien) et, comme son prédécesseur, la première partie de cette suite retrouve la saveur d'antan de ces histoires de petits êtres inanimés possiblement habités par quelque chose de très dangereux. D'ailleurs, lorsque "La Malédiction de Brahms" tente d'élargir sa mythologie installée dans le précédent vers des sphères d'une nature différente, la manoeuvre aurait même pu avoir un certain potentiel... si cela avait pu déboucher sur ne serait-ce qu'un soupçon d'originalité.
Tout le problème du film est là : qu'il se serve de ressorts ayant fait leurs preuves afin d'établir les fondements de sa suite pourrait encore passer mais, si jamais rien ne vient ensuite les transcender dans le but de créer la surprise, la proposition ne peut prétendre à la moindre pertinence. Se vautrant dans des situations et des jumpscares encore plus fatigués que celles et ceux du premier film (tout sent le réchauffé chez les premières, aucun ne fonctionne chez les deuxièmes), William Brent Bell n'a tout simplement plus rien de passionnant à raconter après l'exposition et, en plus, ne peut même plus compter sur un twist final un minimum efficace pour faire illusion dans le climax (la dernière partie étant ici carrément expédiée tant le bonhomme ne semble pas faire l'effort de croire un seul instant en elle). "La Malédiction de Brahms" n'est qu'une énième coquille vide d'épouvante, un produit interchangeable où seuls les yeux toujours prêts à rouler de Brahms rencontrent ceux du spectateur qui en fait de même devant un film qu'on lui a déjà proposé des dizaines de fois.
Modalités de l'offre :
Avec l'achat de Brahms, vous est offert toute sa panoplie de vêtements, l'acte de propriété d'un superbe manoir anglais, le scénario de "The Boy: La Malédiction de Brahms", un certificat d'authenticité du manque d'imagination de William Brent Bell et une panoplie du parfait pyromane pour s'amuser avec l'ensemble. Prix à débattre.