On n’a jamais aussi bien filmé une cocotte-minute

Ça faisait longtemps qu’on n’était pas allé voir un Paul Schrader. Ce n’est pas l’offre qui manque, mais hier, on n’avait pas le cœur à aller voir le Desplechin, qui nous fait un peu peur. Le gars Arnaud n’est jamais meilleur que quand il parle de lui, mais cette fois, il adapte son héros, Philip Roth. On ira quand même, et on vous racontera.


Paul Schrader, donc. Monsieur American Gigolo et La Féline, amis surtout scénariste de Yakuza, Taxi Driver, Raging Bull, La Dernière Tentation du Christ… et The Card Counter, une éternelle rédemption Schraderienne.


Ici, William Tell (sic), ancien militaire sort de prison et s’entiche d’un jeune homme dont il a bien connu le père en Irak. Pour lui, pour combler ses dettes et peut-être plus encore, Tell accepte de se remettre au poker sur les conseils d’une autre joueuse, La Linda (excellente Tiffany Haddish) qui n’a d’yeux que pour lui.


Voir un Paul Schrader, c’est évidemment accepter un cinéma traditionnel, inscrit dans la lenteur, avec des rebondissements parfois un peu faciles. Mais voilà, The Card Counter est porté par un des plus grands comédiens de sa génération (et peut-être le meilleur) : Oscar Isaac. Qu’on en juge : Agora, Robin des Bois, Drive, Inside Llewyn Davis, A Most Violent Year, Ex machina, Star Wars, Show Me a Hero, Dune… rien de moins qu’Alejandro Amenábar, Ridley Scott, Nicolas Winding Refn, Joel et Ethan Coen, Denis Villeneuve, David Simon…


Une fois de plus, Isaac délivre une performance exceptionnelle, en toute humilité. Il crée ainsi une démarche un peu gauche pour son personnage, dont on ne se rend pas compte au premier coup d’œil. Son personnage semble en retrait, sous-joué, mais sa performance devient explosive quand la caméra de Schrader se rapproche insidieusement, dévoilant fêlures et folies.


On n’a jamais aussi bien filmé une cocotte-minute.


cinefast

ludovico
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le 30 déc. 2021

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