The Company Men
6.3
The Company Men

Film de John Wells (2010)

Et voilà que la Weinstein commandite un film pseudo-social sur la crise et ses conséquences malheureuses sur la vie des cadres sup'...aveuglé par le casting relativement alléchant (j'y reviendrai) et cette apparence de fond pour un métrage qui s'annonçait tout de même comme profondément hollywoodien, je me suis glissé dans une salle obscure avec des espérances bien trop hautes, je m'en rends compte maintenant.

Voilà donc un film qui a la prétention d'édifier le quidam sur les terribles retombées de la crise de 2008 chez les nouveaux riches, membres de CA et autres directeurs de département marketing des grosses boites (de l'industrie lourde, ici).
Pour l'étudiant précaire dont le boulot alimentaire plafonne à un peu plus qu'un demi-smic, voir un type venir gueuler sur sa femme parce qu'elle n'a pas payé les traites du club de golf, ou le même lançant des regards pleins de mélancolie à la Porsche qu'il vient de vendre, c'est un peu comme si une cafetière se foutait de la gueule d'une casserole parce qu'elle a le fond noir...
Les pdg et autres drh se renvoient la balle lorsqu'il s'agit de licencier des prolétaires par milliers, prolos qui ne prendront jamais corps dans le film, simples chiffres sur des listes, cantonnés à des critères leur donnant plus ou moins de chances d'être virés du jour au lendemain.
Les neo-chômeurs se retrouvent dans un open-space afin de chercher un emploi, open-space qui rappelle à l'étudiant précaire l'époque où il travaillait dans une plate-forme de sondages, coincé devant son ordinateur et pendu au téléphone. Au moins avait-il un travail.
Alors ce brave Ben, primo-arrivant sur le marché du chômage, besogneux aveuglé par son carriérisme, découvre les choses simples, la vie près des siens, un quasi-retour à la nature en s'enrôlant auprès de son beauf dans la charpenterie, et petit à petit devient cet homme que Hollywood s'acharne à vouloir faire exister depuis des siècles, cet homme qui affronte son tragique destin avec le sourire, à travers une sagesse populaire dégoulinant de bon sentiment, cet homme que personne sur terre ne voudrait être, mais qui obtiendra la rédemption à force d'abnégation. Stakhanov, de ce côté de l'atlantique, il porte une cravate et un costard Valentino, arbore une énorme montre-bracelet au poignet, et roule en voiture de luxe européenne.

Le métrage est construit sur une trame classique manquant cruellement de dynamisme, les ellipses étant rares et le déroulement chronologique des péripéties s'égrenant à un rythme de sénateur. Mais le pire, c'est que l'histoire se déroule le long d'un scénario cousu de fil blanc dans lequel tout est convenu, des dialogues aux événements. Rien ne surprend, rien n'édifie le spectateur. L'ennui.

Et les acteurs ? Le casting était une des choses qui m'avait le plus fait envie. Eh bien...

- Je ne miserai plus sur Ben Affleck. Terminé. Je ne m'étais pas dit que je lui donnais une dernière chance en entrant dans la salle de ciné, mais force est de constater qu'en sortant, je n'étais plus à même de lui en accorder la moindre. Une expression et demi en tout et pour tout, ce n'est pas adopter un jeu subtil pour moi, comme j'ai pu m'y méprendre par le passé. Et abandonner un sourire carnassier pour un front plissé (Ben n'est plus un requin, c'est un family man soucieux du bonheur de ses enfants), cela ne te retire pas ton éternelle tête de benêt, Ben. Désolé.

- Tommy Lee Jones est toujours très bon. La où il est le meilleur, c'est quand il ne parle pas ou peu. Son personnage laconique, doucement révolté, à l'ironie mordante, est le plus intéressant.

-Chris Cooper, égal à lui même. Sobre, sympathiquement déviant au point d'incarner les réactions les plus extrêmes face à la crise. Pas folichon non plus.

-Costner : une déception ? Non, c'est Costner, quand même. Je croyais qu'il jouait le frère du personnage d'Affleck, en fait c'est son beauf. Ils auraient pu être frangins dans la vie, tiens. Aussi expressifs l'un que l'autre.

-Maria Bello : toujours aussi splendide, comme son nom l'indique, et à l'aise dans son rôle de mante-religieuse. Si un jour une drh me vire, j'aimerais qu'elle lui ressemble un tout petit peu. Ah, oui, ça aussi ça fait partie des éléments qui m'ont gonflé dans le film : les personnages sont des clichés sur pattes...

En résumé, Company men est un film dispensable car prétentieux, bien loin de tenir les promesses que la bande annonce laissait entrevoir et d'une platitude infâme. La note est même trop haute, mais il y a fort à parier qu'un mécanisme psychologique inconscient obéissant au fait que je l'ai vu au cinéma et pas sur TF1 un dimanche soir m'empêche de descendre plus bas.

Fail...
T_wallace
4
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Créée

le 16 avr. 2011

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T_wallace

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