Eh, Christopher Nolan, ton petit frère t'a piqué ton camescope et fait n'importe quoi avec
Attention, contient sans doute un spoiler ou deux.
Je n'ai jamais été déçu par Nolan. Parcours sans faute jusqu'ici. Il ne lui reste plus qu'à boucler sa trilogie, qui monte en puissance après un Begins très chouette malgré de gros défauts et un Dark Knight habité, visuellement et musicalement parfait. On reprend globalement la même équipe. Les impeccables Morgan Freeman, Michael Caine et Gary Oldman resignent pour le 3ème épisode. On perd James Newton Howard à la baguette, Heath Ledger, Maggie Gyllenhaal et Aaron Eckhart, pour gagner Tom Hardy (hiiiiii), Anne Hathaway (gnuh ?) et Marion Cotillard (sa mère la chiasse...).
Il faut maintenant clore la trilogie en beauté, chose plutôt rare, mais les ingrédients, le savoir-faire et le budget sont réunis. Bien que le fait qu'initalement, Nolan n'était pas trop chaud pour ce 3ème opus ternisse un peu le tableau.
Quoi qu'il en soit, force est de constater que le film est un naufrage. Il n'est pas un peu décevant. Il n'est pas "pas mal mais aurait pu mieux faire". Il est nul à chier.
Le principal problème est que ça manque d'âme. Personne n'y croit. Morgan Freeman et Michael Caine sont à la dérive. La première heure patine. Le personnage de Bane génère le pire sentiment possible envers un méchant. Ni haine, ni pitié. Une totale indifférence. À des années-lumière du Joker.
Alors qu'on espère en prendre plein la gueule, aucune scène ne marquera les esprits comme l'attaque des fourgons ou la scène d'intro de Dark Knight. Les scènes de combat sont nerveuses comme une pub Norwich Union. Côté bande son, Hans Zimmer se contente de repomper les thèmes des 2 épisodes précédents en moins bien. Et la musique fait régulièrement office de cache-misère.
Le scénario connaît également de sérieux problèmes. Là où Dark Knight brillait par sa simplicité et sa cohésion, Rises fait dans la surenchère constante, jusqu'à un final à tiroirs multiples, façon Sexcrimes. Et je vous épargne les spoilers sur des scènes totalement WTF. Vous tomberez de toute façon bien assez tôt sur les gifs animés. Je pense aussi à l'épouvantail-juge qui sort de nulle part, de Gordon et d'autres (quels autres ?), condamnés à l'exil, leur promenade champêtre sur la glace et leur salon de thé qui termine sur un logo enflammé du Batman des plus laids.
La construction des personnages est également ratée, elle qui faisait une bonne partie de l'intérêt des 2 épisodes précédents. Nolan se retrouve coincé entre l'obligation de faire l'impasse sur certains éléments pour des questions de rythme - rythme déjà bien assez problématique comme ça - et la nécessité d'en garder sous le pied pour son grand whodunit final. C'est tellement dommage, quand on se souvient de la construction lente et méticuleuse, là encore malgré ses défauts, du Batman ou du flou volontaire mais tellement intrigant de la genèse du joker.
Le plus étonnant reste que Nolan semble se complaire dans l'empilement de clichés. Batman/Wayne n'est plus torturé par sa dualité, c'est Michael Jordan qui sort de sa retraite pour un dernier championnat. Il n'est plus dark, il est blanc comme neige et il a mal à son peuple, mal à sa ville. Il écoute sagement le méchant lui raconter la vraie histoire pendant 2 monologues longs et ridicules. Et il emporte ensuite la bombinette au loin vers le soleil couchant. Le tout se clôt sur une happy end des plus kitschs. Les tombes. L'orphelinat. Florence. Robin. ROBIN, quoi, putain.
Au final, ça fait beaucoup de choses qui s'additionnent. Dark Knight Rises est une parodie de Dark Knight. De toute façon, quand on voit la gueule du casting et seule Anne Hathaway qui surnage, c'est à se demander si Nolan ne désirait pas en terminer avec sa série dont il n'a plus de savoir qu'en faire. À l'image de son Batman et de sa pulsion de mort. Donc en plus d'être totalement décevant en regard des épisodes précédents, Rises s'offre le luxe d'être intrinsèquement mauvais. Ça ternit fortement le CV jusqu'ici sans faute de Nolan. Et moi je vais maintenant me rouler en boule pour tenter d'oublier tout ce que j'ai vu.
PS : la 2ème étoile est pour le cul d'Anne Hathaway quand elle pilote (anormalement bien) la moto. Ca et le fait qu'elle est une excellente Catwoman. Classe, pas surjouée, capable de minauder, de jouer les ingénues comme de tabasser quelques gros bras.
