TDK Trilogy - Tome III : Combattre la mort
The Dark Knight Rises (2012) est l'épilogue de la trilogie de Nolan sur les aventures de Batman. Quelques ajouts au casting, dont Tom Hardy, Marion Cotillard, Joseph Gordon-Levitt et Anne Hathaway, ainsi que la contrainte de composer sans le regretté Heath Ledger, sont à remarquer.
Comme dans la plupart de ses films, Nolan se base ici sur un scénario très bien ficelé. Il nous emmène sans cesse là où on ne l'attend pas, et c'est là la justesse et l'ambivalence permanente du film. Un exemple ? Lors de la première apparition de Batman, on le voit poursuivi par des nuées de voitures de police. On est un peu troublé de voir une scène qui ne ressemble en rien aux actions réputées discrètes et plein de finesse de l'homme chauve-souris. Mais lorsque ce dernier rentre dans son manoir, c'est un Alfred déçu, triste, qui l'accueille et le prie de se rendre compte qu'il n'est plus le même : comme nous venons de le penser !
En effet, ce dernier opus frappe de suite par la différence de l'approche que Nolan fait dans sa manière de filmer Batman. On découvre un héros sur le tard, presque ringard face à ce monde entier qui a évolué sans lui. On le découvre essoufflé dès les premières secondes de ses combats contre Bane, aux abois face à cette montagne de détermination mêlée à ces muscles d'acier. On le sent accablé par toute cette haine, toute cette brutalité dont il est en parti responsable par son mensonge. Comme le montre l'affiche du flm (absolument magnifique), il semble porter les souffrances du monde sur ses épaules. Batman ne combat alors plus dans l'ombre, de nuit, mais physiquement aux côtés des autorités, en plein jour, durant les dernières scènes. Il se montre aux yeux de tous, pour la première fois de la trilogie.
On peut reprocher à ce film un tas de choses, comme la fin (vraiment indigne d'un grand méchant) de Bane. Certaines choses ne semblent pas coller à l'univers de Batman (la bombe atomique par exemple). Peut-être Nolan a-t-il voulu ancrer son personnage dans les angoisses du XXI° siècle, aux détriments d'une certaine cohérence. C'est ceci qui en fait, sur des critères objectifs, un moins bon film que The Dark Knight, où tout était si compact, si dense, que l'on ne pouvait que croire au récit.
La vérité est qu'on peut aimer ou détester cet épisode pour les mêmes scènes. Ce n'est donc qu'une prise de parti que nous pousse à faire Nolan.
Au final, ce qui est vraiment touchant, voire bouleversant sur grand écran, est la symbolique apocalyptique - certes simpliste - de ce film. Ce n'est qu'en combattant avec la peur de la mort qu'on finit par y échapper, car la vraie mort est ici la décrépitude du corps, et l'abandon de tout espoir. Dans les scènes de la prison (qui ne semble être là que pour rappeler les premières minutes de la trilogie), Wayne s'en sort en se souvenant de son passé et de son traumatisme. Les renvois permanents aux deux précédents épisodes (n'oublions pas l'inspecteur Blake qui jette son arme à feu avec dégoût comme le fait un Bruce Wayne désespéré mais bien conscient de sa résolution aussi lors de Batman Begins) créent une très belle cohérence avec les deux premiers épisodes. La trilogie est véritablement bouclée avec cet épilogue.
Lorsqu'on y réfléchit, c'est une fin très pessimiste qui vient conclure la trilogie, car Batman ne finit par l'emporter sur ses ennemis que grâce au mensonge ou à la mort (car Bruce Wayne ressuscite en tuant le héros qu'il a créé de sa propre volonté).
On a donc une trilogie très représentative des interrogations que pose le personnage de Batman dans l'imaginaire urbain collectif de ce début de siècle. Remercions Christopher Nolan et toute l'équipe de la trilogie pour nous avoir donné là sûrement le meilleur triptyque de héros moderne de tous les temps.