Encore un énième banal film de possession ou une des rares propositions à avoir quelque chose de neuf à apporter au sujet ? Eh bien, bonne nouvelle, "The Assent" se rapproche de la seconde catégorie en n'ayant non pas des idées franchement révolutionnaires sur cette thématique surnaturelle mais en choisissant plutôt, disons, un autre angle afin de l'aborder. Cela suffit-il pour autant à en faire un bon film ? Dur d'être affirmatif sur ce point...


Luttant contre sa schizophrénie patente, un père élève seul son fils dans une maison isolée. Lâchée par sa fidèle babysitter qui lui permettait d'exercer ses activités de mécanicien, l'homme se retrouve dos au mur pour conserver la garde de son enfant, d'autant plus que ce dernier se met à présenter les mêmes symptômes que la maladie de son père, voire de bien plus étranges encore...
En parallèle, un vieux prêtre exorciste sort de prison, bien décidé à prendre sa revanche sur un démon surpuissant...


Comme le film le martèlera un peu trop fort d'entrée, "The Assent" -l'assentiment- fait référence à la phase finale d'une possession démoniaque, celle où la victime vaincue par l'entité accède à sa demande de lui offrir son corps. Vu que le long-métrage de Pearry Reginald Teo emprunte son titre à cette décomposition du phénomène de la possession, on peut déjà supposer que celle-ci va être le point crucial d'une intrigue plus roublarde qu'à l'accoutumée mais à quel point et dans quel but ? Là vont être les grandes interrogations d'un film dont on va vite déceler que la véritable nature ne prendra son sens qu'à l'aune d'un incontournable twist final. Et c'est peut-être un peu tout le problème de "The Assent" qui fait sans doute aller un peu loin les interrogations du spectateur durant son déroulement au risque de le décevoir avec une conclusion loin d'être bête mais finalement pas si imprévisible ou folle que souhaitée.


Surtout, avant de parvenir à cette ultime révélation, le film va hélas accumuler certaines maladresses nuisant à préparer l'impact de cette dernière.
Déjà, tout ce qui entoure la crédibilité de la relation père-fils à laquelle on nous introduit ! On ne sait pas trop quelle assistante sociale a jugé bon qu'accorder la garde d'un enfant à un père mentalement instable dans un environnement essentiellement composé de sculptures morbides serait une bonne idée mais il est fort à parier qu'elle se soit trompée d'orientation professionnelle. De même, comment croire un seul instant à la réalité des premiers dialogues sirupeux échangés entre le fils et son paternel ? Ceux-ci défient toute logique de vérité et emmènent cette relation vers celle d'un mauvais téléfilm familial dégoulinant de bons sentiments.


Et, au milieu de tout ça, le personnage de la baby-sitter est magique : non seulement la jeune femme semble se rendre compte de la bizarrerie de ce foyer (un peu plus prononcée les derniers jours, il est vrai) quand elle est sur le point de le quitter mais elle a la bonne idée d'en parler à un vieux prêtre accusé d'un meurtre pour espérer arranger les choses. À ce propos, pas mal d'autres personnages semblent complètement ignorer les agissements antérieurs de cet homme d'église, le film nous montre pourtant bien en amont que le fait divers dont il est le triste héros a défrayé la chronique par sa nature extraordinaire et, vu la petite ville où paraît se dérouler "The Assent", dur de croire que le père et la baby-sitter n'ont jamais vu un portrait du bonhomme via les médias...


Peut-être que l'on pinaille un peu mais on ne peut nier que "The Assent" a dû mal à rendre vraisemblable tout ce qu'il veut installer. Et le film va même jusqu'à aller se tirer une balle tout seul dans le pied en commettant une erreur impardonnable à mi-parcours: la fin d'une scène très insistante sur un point dévoilera bien trop explicitement qu'une partie non négligeable du mystère global réside dans ce qu'elle veut souligner (les flashbacks finaux le confirmeront)...


Heureusement, "The Assent" n'est pas que maladroit et ses qualités prouvent que ce projet a comme but premier de sortir du lot des films d'exorcisme les plus lambdas.
En ce sens, la noirceur de son atmosphère est la première d'entre elles : non seulement l'essence même de la schizophrénie semble déteindre sur l'entièreté de son ambiance, de ses décors de plus en plus ensevelis sous le poids de ce mal tout comme son personnage principal (ses crises se manifestent esthétiquement avec une sorte de halo de 3D anaglyphe qui se met à l'entourer), mais les visions particulièrement malsaines de créatures arachnides et/ou informes participent à amplifier cette frontière entre la folie et la réelle possession sur laquelle le film prend un malin plaisir à jouer sa partition. Bon, tout ça est évidemment un prétexte à quelques jumpscares un brin faciles mais cela joue plutôt bien avec les attentes d'un spectateur qui n'a plus d'autres choix que de chercher à déceler le moindre mouvement dans chaque zone d'ombre (le gimmick de l'appareil photo assurera toujours une certaine efficacité de ce côté).
L'autre grand point fort de "The Assent" sera justement cette connexion entre la schizophrénie et la possible présence démoniaque, deux visions reliées intimement par les hommes depuis la nuit des temps avant l'intervention de la science, que le film s'amusera à construire en miroir tout au long de sa durée pour nous faire douter sur la véritable teneur des événements jusqu'à, comme attendu, le briser lors du final nous livrant les clés de la véritable lecture à y donner.


En plus de ces quelques atouts, "The Assent" fait partie de ces films de possession qui gagnent d'office notre indulgence par leur volonté affichée de proposer autre chose que le tout-venant du genre. Il est donc fort dommage que de grossières erreurs de parcours ne lui permettent pas de prendre la pleine mesure des ambitions qui l'animaient. En l'état, on ne peut pas rejeter unilatéralement l'intérêt de la proposition mais son manque d'aboutissement la condamne de fait à n'être que mineure.

RedArrow
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le 25 mars 2020

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