Autre prétendant aux oscars en 2012, The Descendants pouvait intriguer. D'une part d'abord parce qu'il revêt la casquette de cinéma indépendant américain et donc en soi aurait pu être novateur et d'autre part pour l'habile subterfuge mené par le service marketing de la Fox Searchlight : on y retrouve pourtant un casting de têtes connues avec en première ligne notre ami George Clooney et un pitch parfaitement adapté pour faire croire au public qu'on sort des sentiers battus.

Et on n'est pas déçu puisqu'on obtient ce à quoi on s'attendait. Un film sans envergure, au propos assez plat, revisité un si grand nombre de fois au cinéma qu'on ne pourrait plus les compter. La caméra bouge, il y a la voix off de Clooney, la mort imminente de la mère d'une famille américaine en vrac. Aucun changement si ce n'est le cadre : Hawaii. Groupement d'îles américaines, le sujet abordé dans un cadre a priori paradisiaque surprend d'abord et même réussit à accrocher pendant la première partie du film mais malheureusement, cela ne suffit pas. Qu'on se comprenne, si la situation est dramatique et qu'il y a soulignage du contraste entre la mer, la plage, les chemises à fleurs et la mort et la maladie, l'accident, les difficultés dans les relations père/filles, il n'en est pas moins que la situation stagne.

Depuis la bande-annonce, on nous vante un film décalé jusque dans ses décors et c'est finalement le problème : on ne fait que revenir à ce statut de départ car oui, habiter à Hawaii n'éloigne pas forcément le malheur et personne n'est à l'abri de se retrouver dans des situations difficiles. On saisit bien le propos d'autant plus que de base, il est vrai qu'inconsciemment, l'idée des surfeurs sur la plage en plein Pacifique est un gage de bonheur mais il aurait fallu le délaisser un peu une fois le constat établi et la démonstration faite car le rythme en pâtit énormément. On se retrouve de fait à suivre les pseudo aventures de George et de sa famille, ayant tronqué le costume classe man, top of the pop, pour une chemise tout à fait immonde en bon Hawaiien qui doit trouver le moyen d'annoncer à ses filles que leur mère va mourir et en même temps pardonner à celle-ci son adultère dont il apprend l'existence seulement une fois sa femme dans le coma.

Et si certaines situations sont tout à fait cocasses et typiques du cinéma indépendant américain amusent et même parfois déclenchent le rire franc, d'autres scènes sont complètement inutiles ou bien même creuses. La rencontre avec l'amant restera sans aucun doute la meilleure scène d'un film largement surestimé cette année : l'ambition était grande et les intentions bonnes mais malheureusement, à trop vouloir faire, on ne fait plus rien. Pendant toute la durée du film, le seul changement notable pour cette famille décomposée sera d'avoir retrouvé un semblant d'unité, grâce à des personnages extraordinairement stéréotypés comme le jeune idiot qui sert d'ami à l'aînée de la famille ou bien même l'amant, ordure parmi les ordures.

On peut dénigrer The Artist autant qu'on le souhaite et sinon admettre qu'il ne méritait pas tous ses oscars, il faut se rendre à l'évidence : l'autre prétendant était autrement moins bon, dans quelque critère qu'on puisse examiner. Pire, on évite de justesse la catastrophe grâce au cadre hawaiien.
Carlit0
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le 5 mai 2012

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