Seule la mort est éternelle

Petite surprise sur Netflix. D'habitude j'ai du mal à apprécier les productions Netflix, à l'exception de trop rares occasions. Et je dois dire que j'ai pris plaisir à regarder The Dig. Déjà, j'ai apprécié le film pour des qualités, du moins, des qualités que j'accorde au film. Et puis, et surtout, parce que ce film m'a touché.

The Dig est un film assez classique pour tous les codes que le film reprend quand on aborde un sujet biopic ancré dans une époque plus ou moins lointaine. Je m'étais déjà interrogé sur la qualité globale des films Netflix quand les productions se basent dans des époques historiques, et The Dig vérifie mon ressenti. Les films sont meilleurs. Nous sommes ici dans une Angleterre aux derniers instants avant la plus grande des guerres donc la reconstitution était nécessaire. Décors, costume, on reste dans le thème. Je préfère de suite nuancer mon propos en écrivant également que ce n'est pas là la force du film, totalement minimaliste et loin des décors de reconstitution que cette période pourrait laisser envisager. Mais ça va très bien car ce n'est pas le propos du film. Et puis on sait que Netflix va souvent de paire avec peu de grandeur dans les décors faute de moyens accordés.

On a plutôt ici une reconstitution dans un contexte où la guerre semble imminente, rappelée par la bande originale un poil caricaturale mais complètement sympa à écouter. Avec quelques airs de The Fountain, j'ai beaucoup aimé la musique du film, apportant une forme de grandeur qui se prête à son sujet, au risque de détourner ceux levant les yeux au ciel par faute d'enfoncer des portes ouvertes.

Esthétiquement, il y a un vrai travail sur la couleur de l'image avec des plans assez ternes mais non dénués de couleur pour autant. On ressent cette atmosphère lourde, presque asphyxiante. La caméra a tendance à virevolter, planer autour de ses acteurs et laisser le temps au temps, à rallonger des scènes dans la veine d'un Malick.

Ensuite, quel plaisir de retrouver Ralph Fiennes ! Je le pensais disparu ou cantonné à des troisièmes rôles, et le revoilà dans un costume parfaitement taillé pour lui. De même que pour Carey Mulligan en femme solitaire, forte mais sensible. Elle est une superbe actrice, et malheureusement elle s'accorde si bien dans des rôles dramatiques.

Tout ça c'est bien mais ce ne sont pas les raisons qui m'ont poussé à écrire quelques lignes sur The Dig. Pourquoi ce film m'a touché ? Peut-être parce que le sujet principal est la mort. La mort dans toute sa splendeur. La mort comme faisant partie de la vie. Comme je l'ai précisé, la mort est abordée par la musique, les couleurs, les décors. Tout transpire la fatalité. Dans un contexte où la mort rode avec le début de la Seconde Guerre mondiale. La mort d'une maladie. La mort d'un trou dans lequel on retrouve une épave. La mort évoqué par cette pluie et cette boue. La mort d'un couple marié, où l'amour ne semble pas avoir sa place tout comme la tendresse. La mort d'un époux dont le deuil demeure déchirant. La mort d'une carrière pourtant si prometteuse. La mort dans la bataille. La mort des siècles avant, laissant derrière elle quelques vestiges. Et pourtant, la mort si puissante et inévitable se confronte aux rêves d'un petit enfant.

Voilà. Voilà un sujet grave. Un sujet abordé avec délicatesse. Un sujet qui touche et qui nous concerne tous. Que sommes-nous face au temps ? Que restera t-il de nous dans plusieurs années ? Plusieurs siècles ? Mais la mort c'est un Tout. Elle fait partie du reste sinon il n'y aurait rien. Ca fait peur et c'est encore un électrochoc de se dire que tout peut s'arrêter, alors pourquoi s'empêcher d'espérer ? Et heureusement qu'elle est là, la mort, sinon il n'y aurait pas de Cinéma, plus belle démonstration des richesses de la Vie.

7/10.