C'est l'histoire d'un mec qui a déjà tout, va vite devenir celui "qui n'est rien" (spéciale dédicace Manu). De déroute en déroute, il va rencontrer la vraie vie, loin de sa tour d'ivoire et de ses résultats boursiers. Thriller machiavélique, The Game est un immense engrenage, qui prend d'abord la forme d'une vague plaisanterie, et qui peu à peu, finit par devenir pervers. Une leçon de vie, oui, mais aussi une leçon de cinéma, car tout ça est parfaitement exécuté par David Fincher, qui joue avec nous, comme il joue avec son personnage, sur ce qu'est le cinéma: un immense jeu auquel on se prête volontiers, jusqu'à se perdre, jusqu'à vivre le film et en éprouver les intrigues. Sorte de "film dont vous êtes le héros", le jeu est ici coriace, car à la mesure du personnage, un banquier d'affaires sans coeur et hanté par de douloureux souvenirs familiaux, campé par un Michael Douglas très convainquant. Une ambiance pesante, des musiques au piano qui traduisent toute l'angoisse et l'incertitude du jeu, et une vraie claque au système capitaliste, mis à nu à travers la descente aux enfers de notre banquier.