La fin de la seconde guerre mondiale dans un pays dévasté par la guerre, dans l’entre deux interlope de la reconstruction d’un état, et dans celui de l’incertitude d’un destin qu’on devine déjà être celui d’une lutte souterraine pour la domination du continent.Clonney démêle la pelote retorse d’une intrigue de guerre froide dans un noir et blanc étouffé, lissé par le confort rassurant d’influences esthétiques et thématiques dont on peut se livrer au petit jeu de la recension : « Europa » (Lars von Trier), « Welcome in Vienna » (Axel Corti), « les Anges marqués » (Fred Zinnemann) ou « Casablanca (Michael Curtiz ).L’auteur de « Kafka » s’inspire pour notre bonheur du meilleur d’entre elles, très loin de la cinéphilie en chambre de « sexe, mensonge et vidéos » ou de la sophistication plutot bling-bling d’ »Ocean’s Eleven ».Et si les extérieurs nous plonge dans le réalisme tragiquement européen d’ »Allemagne année zéro », ils contrastent de manière assez surprenante avec des huit-clos dignes du meilleur du film noir américain des années 40.Cette hybridation inattendue des genres et des inspirations auraient pu nous amener sur le terrain peu enviable de la vacuité d’un Roberto Rodriguez, il nous réconforte au contraire dans la certitude de la vison d’un diamant noir parfaitement poli, livré avec l’inspiration rasséréné de celui qui - une fois n’est pas coutume- a décidé d’aller droit à l’essentiel, et de se laisser transcender par les jalons les plus avisés de la tradition classique.