The Human Centipede, c'est l'exact opposé d'un documentaire sur les frères siamois.

Je me doutais bien en démarrant une section "Extrême", que j'allais me retrouver confrontée à des objets cinématographiques qui "dépasse[nt] les bornes", comme l'exprime le sous-titre de l'essai éponyme de Julien Bétan, dans lequel il répertorie ces films qui jouent à définir et dépasser les limites de ce qui est regardable au cinéma par un être humain psychiquement sain.

Pour The Human Centipede (First Sequence), j'ai attendu d'avoir digéré mon repas avant de lancer la séance, par simple mesure de précaution eu égard au risque de vomir sur la table basse élégante de ma logeuse. La thématique du film, à savoir une opération fortement inspirée de celles qui ont fait l'horrible notoriété du Docteur Mengele, c'est la torture infligée à des touristes venus visiter l'Allemagne. Ça ne s'invente pas !

Pour les deux américaines en goguette à la recherche de la boîte de nuit où elles pourraient se fabriquer de beaux souvenirs de vacances, il aura suffit d'un simple pneu crevé sur une route déserte pour aller tout droit dans la gueule du loup, dans la belle demeure du très créatif chirurgien à la retraite Heiter.

Il suffira d'ajouter un jeune Japonais capturé le lendemain pour lancer le début des hostilités.

M. Heiter envisage de fabriquer un mille-pattes humain, après s'être exercé sur ses rottweilers préférés quelques temps auparavant.

Le bonhomme se sent prêt, il brûle d'impatience. On sent que c'est vraiment important pour lui, ce projet.

Il va donc s'appliquer de manière assez didactique à expliquer à ses futurs monstres de foire qu'il va les relier les uns aux autres par un procédé chirurgical soigné, c'est-à-dire en greffant les bouches des uns aux derrières des autres. Oui oui, aux derrières. La partie anus si vous préférez.

Un seul tube digestif, un ensemble parfait. Qui a dit que le summum de la convivialité était de partager la même table ?

Pour empêcher le futur scolopendre géant de s’enfuir, il sectionnera avec un doigté tout germanique les tendons des genoux (je crois qu'il s'agit de ça, je n'ai pas bien suivi les explications, perturbée par les gémissements des sujets sûrement ébahis par la prouesse expérimentale).

Le sujet A prendra la tête du cortège, le sujet B sera pris entre deux feux, tandis que le sujet C recueillera le fruits des efforts collectifs pour assouvir sa faim, bien légitime pour une jeune personne en pleine santé.

Nos jeunes filles vont donc sceller leur profonde amitié en ne faisant plus qu'une après une longue séquence récréative de tentative de fuite de la part de la plus dégourdie : se rendant compte après de très longues heures qu'elle pouvait détacher ses liens (des scratchs de la plus belle facture), elle décide de prendre la poudre d'escampette précisément au moment où le bon docteur songeait à les endormir un peu avant la grande opération. Évidemment, elle échouera, légèrement désordonnée dans son repli stratégique. Je n'ai pas dit que la plus dégourdie était très maligne pour autant. Mais elle gagnera quand-même le privilège d'être le sujet B de l'animal en instance de réalisation.

Bon, la suite est dégueulasse mais pas au point que je m'étais imaginée. Non pas que je sois particulièrement créative en la matière, mais on échappe à pas mal de scènes qui auraient pu être vraiment plus insoutenables que ce qu'on nous inflige déjà. Manifestement, toutes ces mauvaises idées se retrouvent dans le deuxième volet (car oui, il y a une suite), donc je peux dormir tranquille.

Alors, c'est vrai que j'ai trouvé que le médecin était bien interprété. Son visage en lame de couteau n'est pas sans rappeler le sympathique Christopher Walken et ses mimiques le rendent très intimidant. Comme dans Funny Games, il décompense aussi vite qu'il redevient courtois et chaleureux, voire même pédagogue avec sa juvénile triplette.

Pour les actrices, le film se répartit comme suit : 15 minutes de très mauvais jeu (les dialogues sont lus, je ne plaisante pas, elles n'ont pas déplacé une seule virgule dans le texte lors de ce que je n'ose même pas nommer "interprétation"), 15 minutes de cris, et 1 heures de "hum, huuuuuum !! Hummmmmmmmmm...". Elle n'ont même pas appris qu'il était impoli de parler la bouche pleine, les mal élevées !

Mea culpa, il était perdu d'avance d'éviter ce genre de plaisanterie, mais si l'on considère une seconde que la scatophilie était au premier rang des impératifs pour réaliser une bonne farce au Moyen-Age, on peut envisager le film tout autrement qu'il ne l'a été présenté au public : ce n'est pas un film d'horreur mes chers, loin s'en faut. C'est un divertissement un peu crade qui réussit à nous faire sourire de par les réflexions qu'il provoque.

Parler de la place la moins pire est un sujet sans fin qui renouvelle le thème assez galvaudé du "tu préfères..." qui avait été si je ne m'abuse un des succès de l'humoriste Pierre Palmade il y a quelques années.

L'ennui total est donc évité, mais l'ensemble reste sans intérêt réel.

En fait, ainsi que le soulignait à juste titre ce brillant homme qui partage mon canapé, tu attends deux scènes seulement : celle où l’œuvre du maître autoproclamé est dévoilée, et celle où ils ont envie de ch...

C'est que ça me rendrait presque vulgaire, des engins pareils !

Brisons-là, et apprenez à changer une roue si ce n'est pas dans vos cordes, pauvres fous.
HomoFestivus
3
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le 13 oct. 2013

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HomoFestivus

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