Issue d'une genèse plutôt atypiques : l’œuvre est adapté d'une nouvelle dont l'auteur a ensuite tiré, en parallèle, le scénario du film et un roman (Celle qui a tous les dons), The Last Girl est le deuxième long de Colm McCarthy. Sur le papier, les ingrédients choisis ne sont plus de première fraîcheur. Le post-apo zombiesque continue de vomir son lot de purge en DTV ainsi que des blockbusters insipides. Rare sont les productions méritant le coup d’œil, le dernier apportant un soupçon d'originalité est sûrement Warm Bodies (2013 !). Pour autant, même avec les recettes les plus éculées, nous pouvons voir naître des produits de qualité. Tout est une question de savoir-faire.
L'auteur nous place, sans préambule, aux côtés de Mélanie, une jeune fille transpirant l'innocence et la bienveillance. Nous découvrons son quotidien partagé entre son isolement dans une cellule sommairement meublée et une salle de « cours » lui permettant de retrouver ses comparses.
Cette absence d'éléments préliminaires accentue la violence résultant du gouffre entre l'attitude de Mélanie et le traitement qu'elle subit. On découvre rapidement la raison pour laquelle les soldats adoptent un tel comportement envers ces enfants. Une fois que l'auteur a terminé de présenter ses protagonistes, le récit sort de son milieu confiné pour nous faire prendre l'air et ainsi lancer le cœur de son intrigue.
On est rapidement happé par ce voyage. La raison est simple : l'être le plus dangereux et aussi celui envers lequel on éprouve le plus d'empathie. De plus, de par son préambule volontairement inconfortable, on est naturellement enclin à prendre parti pour l'opprimé. Quand bien même celui-ci représente, originellement, une menace bien plus grande.
Colm McCarthy s'amuse à jouer sur cette dualité en incorporant divers éléments, empêchant ainsi de se retrouver avec des personnages manichéens. Il nous est difficile de haïr pleinement l'un d'eux tant, de par leur passif, il recèle une part humanité et de nobles intentions. À l'inverse, même si le caractère de Mélanie la rend terriblement attachante, elle reste un être imprévisible mue par un instinct de survie primale.
Il est évident que ces différentes émotions, qui nous animent face au sort de ces voyageurs, ne seraient possible sans une performance d'acteurs des plus juste. La révélation de cette œuvre est assurément Sennia Nanua. Débutant sa carrière en 2015 via un court-métrage (Beverley), The Last Girl est son premier long. Pour autant, son aisance à véhiculer diverses émotions sans jamais tomber dans l'excès, ne laisse en rien deviner son peu d'expériences dans ce milieu.
Outre ces qualités susmentionnées, un autre élément nous stimule lors du visionnage. En effet, tout au long du récit, il est difficile de ne pas penser à The Last of Us. Cette analogie entre ces deux œuvres, réside principalement dans la description du monde post-apocalyptique ainsi que la nature végétale de la menace planétaire. Cet élément original permet d'apporter un vent de fraîcheur sur la mythologie du Zombie. Ces choix permettent de crédibiliser l'univers dépeint et facilitent ainsi notre immersion dans ce futur.
Il est difficile de trouver des défauts à l’œuvre. Il y a certes une baisse du régime en cours de route, mais cela s'explique par un premier acte mouvementé et la volonté de ralentir la cadence afin d'étoffer ses personnages. De plus, l'auteur fait preuve d'une maîtrise sur tous les plans : le récit est bien ficelé, les personnages bien définis et la B.O est hypnotique.
En somme, The Last Girl est une agréable surprise, touchante et imprévisible. On se laisse porter dans ce road trip nihiliste qui n’a de cesse de sortir des chemins balisés du genre. Le final confirmera ce constat en offrant une conclusion aussi inattendue que pertinente. On espère que les prochains projets de Colm McCarthy seront tout autant stimulant.