Un film plein de promesses
Jimbo est un jeune homme maltraité par ses parents. C'est aussi un petit génie de l'informatique. Enfin, il a cette faculté de pouvoir contrôler les gens, de les transformer en véritables marionnettes. Ces infâmes parents en seront les premières victimes. C'est alors qu'un homme de la fondation Killian va s'intéresser de très près à lui. Bien plus tard, Jimbo a grandi, a une femme qu'il aime et une vie bien remplie. Il travaille à la fondation Killian et a créé un jeu permettant de trouver des individus aussi intelligents et spéciaux que lui. Commence alors une petite épopée pour tous les réunir et tenter de les sortir de leur vie misérable. Seul problème : ils sont plein de colère et lorsqu'un événement tragique survient dans leur jeune amitié de groupe, c'est une escalade de violence qui démarre. Jimbo va devoir les empêcher de détruire le monde.
Dur de "synopsiser" ce film sans spoiler. On va en profiter pour attaquer directement sur un des défauts de The Prodigies : la narration est ultra rapide. L'excellente réalisation, usant et abusant de plans de caméra intelligents et en mettant plein la vue, tente de cacher ce manque de temps qu'ont les scénaristes pour nous raconter leur glauque histoire. C'est vraiment dommage, car le fond est bien là, les protagonistes sont intéressants, mais leur évolution est beaucoup trop rapide. On passe d'un méchant à un gentil d'une simple scène, les sentiments sont "instantanés" et n'ont pas le temps de s'installer, etc.
Autre point : The Prodigies, c'est interdit aux moins de 12 ans et même malgré cela, certains pourraient se retrouver choqués par tant de violence. Pour un film d'animation, c'est on ne peut plus étonnant et inattendu. C'est d'ailleurs sans aucun doute ce qui empêchera certaines personnes d'accrocher au récit. Tant pis pour eux ?
Les autres auront alors accès à une histoire vraiment bien écrite, avec des musiques de Klaus Badet qui ne sont pas incroyables de qualité mais qui participent à la belle mise en place du tout. Reste l'aspect graphique, très bande dessinée, qui va vraiment donner des avis très tranchés. Pour ma part, j'ai adoré les fonds, tout ce qui était fixe est à la fois réaliste et très coloré. Pour les animations aussi, rien à redire, c'est du très bon boulot. Mais le style visuel des personnages est vraiment très contrasté, sans mauvais jeu de mots, pour que j'y accroche pleinement. Certains personnages sont bien modélisés, d'autres beaucoup moins. De plus, certains styles sont vraiment déplaisants avec par exemple les "grosses" personnes qui sont de véritables caricatures et surtout, qui ont des proportions beaucoup trop "cartoon" par rapport aux autres protagonistes. C'est dommage dans le sens ou, à chacune de leur apparition, on "sort" un peu du film et de son intrigue pour voir la technique nous rappeler que ce n'est qu'un film. Cela n'empêche pas les scènes d'êtres efficaces, mais tout de même.
Bon scénario, bonne ambiance, un univers magnifique... The Prodigies est un film plein de promesses, avec pas mal de déceptions. Une belle surprise tout de même que cette histoire beaucoup plus glauque et adulte que prévue, qui colle du coup très bien au livre original d'un point de vue de l'adaptation libre. En soi c'est un film moyen, avec ses hauts, ses bas, mais qui prouve qu'on sait réaliser de bons films d'animation en 3D purement français et qui soient autre chose que des comédies pour enfant. À vrai dire, je n'y croyais absolument pas même après que le réalisateur me l'a dit lui même dans l'interview disponible sur ce blog. Finalement, il avait raison.
On attendra donc avec impatience les prochains projets de l'équipe de The Prodigies qui, s'ils corrigent leurs erreurs, pourraient bien nous pondre une petite merveille. Personnellement, je ne saurais que trop leur conseiller la série télévisée, tant The Prodigies y aurait sans aucun doute brillé. Seul problème : vous voyez une chaine de télévision diffuser une série d'animation adulte ? Ouais, ce n’est pas gagné...