The Prodigies par Pierrick Boully
The Prodigies, nouveau film d’animation français adapté de La Nuit des Enfants Rois (écrit par Bernard Lenteric) n’est pas une adaptation fidèle (les plus malins auront remarqués que le nom a changé), pas forcement nul, il représente bien l’animation numérique française d’aujourd’hui.
Dans le livre ils étaient 7, dans le film ils ne sont plus que 5 : les enfants rois sont enfin sur le grand écran ! On pourrait croire que deux ont disparus pour mieux développer les autres, mais non : seul Gil l’est, et encore… Mélanie devient une méchante business-women au lieu d’une amante platonique pour Jimbo, Anne devient un fantôme de présence, Liza et sa romance avec Jimbo n’est qu’effleurée par de petits sourires, Jimbo le géant et Fozzy sont les seuls à être bien incarnés, Fozzy étant un peu plus humain que dans le livre en venant parler à Jimbo de son plein grès, The Prodigies subit mal la transposition à l’écran.
Le film est plus fort sur ses différences avec le livre plutôt qu’être une adaptation fidèle. The Prodigies est plus centré sur les « pouvoirs » de contrôler les corps des enfants rois, montré avec un style visuel d’une violence sans limites permettant à la fois de beaux combats mais aussi d’éviter une interdiction aux moins de 3 ans… Les enfants rois dans le film sont aussi plus médiatiser grâce à un programme télé « American Genious », sorte de Qui veux gagner des Millions ? adolescent qui donne un côté plus contemporain complété d’un univers technologique bien intégré dans l’histoire. Le scénario développe un peu plus Jimbo et sa jeunesse de martyre, les enfants rois deviennent de plus en plus proche des X-Men en subissant les maltraitances d’hommes inférieurs à eux. Dans ce cas le père Killian aurait pour rôle Xavier, celui qui rassemble les enfants rois, et Jimbo qui reprend le travail face à un mini-Magnéto en puissance. On sent un peu moins que dans le livre à quel point les enfants rois ont un coup d’avance sur les autres, mais ils restent tout autant sournois et malicieux…
L’animation de The Prodigies est bien le point faible du film : les mouvements des personnages assez fluides sont parfois doublés assez mal mais avec d’assez beaux bruitages type nazgul pour les hommes quand les enfants rois utilisent leurs pouvoirs, nous avons ici l’exemple type de l’animation française : moche. Elle ne rend pas les traits faciaux, ne nous transmet aucunes émotion : on y croit pas. Les combats sont mal rendus à cause de l’animation car la peau et les vêtements ne bougent pas, mise à part quand les enfants rois utilisent leurs pouvoirs où là on a l’impression d’une libération sans précédant. Il y a bien aussi de beaux arrêts sur image mais l’animation vient en gâcher le résultat.
Le film a pourtant de belles transitions comme celle entre la mort de Kilian à Central Park puis son enterrement, elle est magnifique et montre bien la liberté de l’animation sur les plans. Les plans eux sont mobiles, tremblants par moment et apporte un petit côté « humain » à l’animation, une bonne idée qui ne sauvent pas les mauvaises.
The Prodigies méritait bien une adaptation, mais avec une meilleure animation.
Pierrick Boully