Figure incontournable des Midnight Movies, The Rocky Horror Picture Show est étrangement subversif tout en restant relativement mesuré.
Certes, il y a un travesti (toujours moins ragoûtant que l'héroïne de Pink Flamingos), mais en dehors de cela, le film est à mon goût moins bouleversant que d'autres Midnight Movies. Mais tout en étant moins délirant que El Topo et moins étrange que Eraserhead, The Rocky Horror Picture Show aura une postérité incomparable.
Aujourd'hui potentiellement film le plus culte du mouvement, The Rocky Horror Picture Show est fort de références en tous genres, et notamment au cinéma de série B et de science-fiction, de personnages outranciers dont les excès entraînent le charme (à commencer évidemment par Tim Curry dans le flamboyant rôle de Frank) et de musiques entraînantes qui contribuent amplement à rendre le film culte.
L'ambiance générée par la comédie musicale rock et les couleurs criardes (le rouge est omniprésent dès le moment où on arrive dans la fête) rend le film très atypique, mais je me demande si quelques éléments dans l'ambiance ou les personnages s'inspirent de l'illustre Phantom of the Paradise, sorti l'année précédente (sous bien des aspects, le personnage de Frank me rappelle beaucoup Beef, incarné par Gerrit Graham dans le film de De Palma).
J'ai trouvé le film à la fois divertissant, drôle, avec un univers et une esthétique très réussis, mais je ne trouve tout de même pas la folie inhérente à d'autres Midnight Movies. Bien qu'expérimental, The Rocky Horror Picture Show reste plutôt conventionnel, se regarde assez facilement. Tout comme Eyes Wide Shut bien plus tard, les protagonistes se retrouvent dans la mauvaise fête, et en subissent les conséquences, mais tout est conté avec dérision et légèreté, contrairement au film de Kubrick. J'attendais de la part du Rocky Horror Pictures Show un peu plus de choc et de subversion.
Mais l'objectif n'était pas là : Jim Sharman a simplement adapté l'univers de Richard O'Brien plein de personnages fantaisistes aux pratiques étranges, et d'un univers au charme unique, mais qui épuise au bout d'une heure ses capacités et ne surprend plus. Heureusement survient une fin envoûtante et équivoque qui me laisse à penser que le film est plus profond qu'au premier abord. Même s'il ne se révèle pas être un choc égalant celui d'El Topo, le film de Sharman reste une création originale et isolée qui vaut le coup d’œil.