Unless you love, your life will flash by.

Ce lundi 6 juin restera gravé dans ma mémoire, c'est sûr, et pas pour les meilleures raisons imaginables. D'abord, j'ai vu le plus mauvais film de Terrence Malick à ce jour et en plus, je suis sorti en mode commando. Oui, sans slip.

Passé cette introduction, je suis certain qu'une question vous brûle à tous les lèvres, voire la cavité buccale entière. Et bien ma foi, je vais y répondre. Aujourd'hui il a plu, et la pluie n'a pas encore été prouvée utile pour sécher le linge. Alors quitte à avoir mes parties trempées ou libres comme l'air, j'ai choisi.
Quant à Tree of Life, habilement qualifié par certains esprits fins, d'arbre de l'ennui - et je tiens à revenir sur ce procédé stylistique High-Profile, parce qu'il allie la simplicité d'une traduction à la force d'un changement de mot en un autre : c'est du grand art, la langue française à son meilleur – et Palme d'or 2011, c'est profondément motivé mais tout aussi effrayé par le déferlement médiatique qu'il suscite, que je prenais, d'un pas décidé et d'un bus déglingué, la direction du ciné local.

Et si j'écris cette critique, c'est 1) parce que l'insoutenable légèreté de l'être, qui passe à l'instant sur Arte, est loin d'être fameux, et 2) parce que voire des gens mettre 10 ou 2 à ce film, ça me débecte. Bon ok, surtout les 2.
Alors certes, le tronc de l'oisiveté n'est pas un chef d'œuvre, mais ça reste un bon film : un film ambitieux, marqué par une maîtrise technique évidente, et une recherche de la beauté esthétique qui porte ses fruits. Malick, dans tout ce qu'il entreprend durant ces deux heures trente, en réussit une grande partie ; seulement, il en foire un petit bout, à chaque fois.

Que ce soit dans son introduction, portée par une vraie émotion et des mouvements fantastiques de caméra qui rappellent Kubrick (cf. critique Barry Lyndon, paragraphe mise en scène ; j'aime me citer mouhahaha...), où la mise en scène est inventive et pure (Brad Pitt qui apprend la mort de son fils : grosse scène, et à la Malick svp : sans dialogues), mais qui finit par s'essouffler avec l'arrivée à l'écran de Sean Penn. Et il faut mettre le paquet pour me faire dire ça, moi ô grand fan de Sean Penn et Malick devant l'Éternel. Le discours religieux perd le peu de force qu'il avait, la structure se fait complètement anarchique ; on se dit vivement la création du monde, parce que grâce à votre pote qui vous a spoilé, vous savez qu'elle arrive bientôt.

Que ce soit dans cette partie Genèse donc, qui est une vraie démonstration de puissance : opéra superbe et images du Big Bang, respect. Formellement c'est grand, jusqu'aux dinos. J'y reviens aux dinos, don't worry. Le seul reproche qu'on peut établir est le manque de connexion entre l'histoire familiale teintée d'autobiographie de Malick et cette volonté de montrer par quoi tout a commencé, pour mieux comprendre mais aussi relativiser cette histoire. Et si je l'écris, je n'y crois pas. Le Big Bang n'a rien à faire là, c'est de la prétention, au pire, ou du zèle, au mieux. Mais les dinos ! La scène est techniquement pas mal, les techniciens ont fait un beau boulot, les dinos ont peut être un rôle à jouer dans les relations familiales texanes au XXe, soit. Mais ni Malick, ni personne de son staff, ni aucun personnage de ce film, n'a jamais vu de dino ; alors qu'est ce qu'ils viennent foutre là, voler deux minutes d'écran à Sean Penn qui est quand même plus beau gosse et qui joue bien mieux. Bordel. Alors évidemment vous allez me dire que personne n'a vu le Big Bang non plus ; c'est pas pareil. Point.

Que ce soit dans toute sa partie drame familial : belle lumière, beaux jeux d'acteurs... Mais d'affreux problème de rythmes, une enfance bien filmée mais mal racontée, des relations caricaturales... C'est paradoxal mais ça a beau être très chiant, il manque du matériau à cette partie pour qu'elle soit convaincante. Et puis enfin la conclusion : là aussi c'est très réussi, c'est touchant et pas trop niais, à mon goût. Mais alors la scène de « passation de pouvoir » entre la mère et la femme de Sean... À vomir, et je pèse mes mots.

Bref, Malick à son pire, ça reste quand même du pas mal. Ce bonhomme est un des derniers à mettre de la vraie poésie dans son œuvre, reste à ce que l'œuvre ne soit pas trop vaste pour noyer la poésie.
Lucas Stagnette

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