The Tree of Life est l'un de ces films qui ne s'apprécie que si on lâche prise...

Je savais dès le départ que j'aurais de la difficulté, du moins au début, à apprécier The Tree of Life.

L'athéisme et le cynisme qui viennent naturellement teinter toutes mes expériences de vie avaient évidemment tôt fait de s'indigner de l'apparente naïveté du récit à ses premiers balbutiements.

Le fort contenu Chrétien me faisait aussi grimacer au début (Cette voix off insistante et agaçante, porteuse des espoirs et des craintes d'une mère et du fils qu'elle a perdu),

Mais cela ne fait que trente minutes, et je sais que le sentiment qui voudrait subconsciemment me faire sortir de la salle (Comme pour Gerry et Enter the Void) n'est qu'un leurre, un piège capricieux tendu par mon esprit, galvaniser par internet, les smart phones et les satisfactions faciles et immédiates d'un quotidien profondément ancré dans la technologie et la paresse intellectuelle que malheureusement elle entraîne naturellement.

Passé ce cap des trente minutes (voir soixante, je ne sais plus), finalement je lâche prise.

C'est alors que je me connecte au film et que l'engourdissement s'installe.

The Tree of Life , conceptuellement, est conçu pour se ressentir parfois comme un souvenir lointain (La section avec Brad Pitt), parfois comme une allégorie sur la perte de l'innocence, la nostalgie qui empoisonne et le mal-être moderne (La section avec Sean Penn) et enfin comme un pur Object esthétique et poétique, comme réflexion sur l'origine et la fin du monde (La section avec le cosmos, la terre et le début de la vie).

Malgré que ces trois axes soit très nettement distincts, ils ne peuvent être envisagés comme des Actes cinématographique à proprement parler.

Là ou Terrence Malick se démarque de la grande majorité des réalisateurs américains d'aujourd'hui, c'est par son utilisation du montage. Ça n'est pas un montage directif, voir narratif, mais un montage totalement organique.

Les images défilent, ont un sens commun qui les regroupent, mais il n'y a aucun artifice de connexion ou de progression. Il n'y a jamais de mise en contexte pour expliquer le contenu de chaque moment, de la même façon que vienne à nous nos plus vieux souvenirs, de façon chaotique et imprécise.

C'est cette manière de monter et de montrer qui, si vous lâchez prise, vous accrochera et vous emportera, ou au contraire vous agacera et vous déconcentrera complètement si vous n'arrivez pas de jouer le jeu.

The Tree of Life n'est pas un film parfait (Je ne suis pas sûr du choix de casting de Sean Penn d'une part et n'ait pas été totalement convaincu par le rendu des dinosaures d'autre part), mais tout cela n'est que fioriture superficielle, parce que sur le fond, il reste que The Tree of Life est un objet d'art absolu, l'un des plus beaux films qu'il m'ait été donné de voir et l'une des plus puissantes expériences cinématographique qu'il m'ait été donné de vivre.