Le film qui va empêcher des millions de grands-parents de voir leurs petits-enfants

Je m'étais juré de ne plus y aller. Jamais. Plus de film de Night Shyamalan. "Night" ?! Sérieux ?! Après After Earth ou encore cette infâme insulte naveteuse qu'est Phénomènes, il était dans un carton fermé au fin fond de mon esprit bordélique au même titre que les films d'Eric et Ramzy ou Paul W.S Anderson. Mais non, mais NON ! Il fallait qu'une demoiselle fraîche comme les blés m'entraîne contre mon gré avec envie dans une nouvelle aventure du réalisateur de Sixième Sens et Incassable (deux films que j'apprécie particulièrement).


Produit avec -seulement- 5 000 000 $ (loin des 130 d'After Earth et 150 du Dernier Maître de l'Air), Shyamalan revient avec un film plus simple, plus personnel et visiblement, plus abouti. Il faut dire que sans la pression des gros studios, on a plus de place pour faire à sa sauce. Dans le cas de The Visit, c'est positif comme négatif. On peut apprécier comme regretter le choix du "found footage". Mais si vous savez, ce genre de film en caméra subjective où l'on voit des enregistrements vidéo authentiques.Ce procédé est aujourd'hui spécifique au cinéma d'horreur (Projet Blair Witch, Paranormal Activity) et remonte aux années 1960-1970 avec les films de Peter Watkins (La Bombe, Punishment Park, Culloden... que je recommande chaudement). Seulement voilà, il ne faut pas faire n'importe quoi avec cette technique pour garder en crédibilité. Et c'est bien le souci de Shyamalan. Il n'assume pas son choix. Ou alors il prend le spectateur pour un abruti. Au choix. Peut-être même les deux.


En effet, les deux gamins Tyler et Becca tournent un documentaire amateur sur leur semaine de vacances chez leurs grands-parents qu'ils rencontrent pour la première fois. Fort bien. Seulement voilà, ils utilisent de petites caméras -dont un appareil photo- pour capter les images. Sauf que devant nos tronches, on voit justement de très belles images bien nettes. Aucun grain. Très peu de tremblement. Pourtant les gosses ne sont pas des cameramen de 120 kg avec le tatouage Johnny et la queue de cheval. Un peu de sérieux Night. De plus -et c'est une erreur incorrigible des films d'horreur-, pendant les moments d'action (oui y'en a, je spoile pas, vous vous en doutez), les personnages continuent de filmer alors qu'ils sont sur le point de crever. Non. Non. NON. CE N'EST PAS RÉALISTE BORDEL ! Quel humain normalement constitué peut simplement penser à continuer son petit documentaire familial avec la Mort qui commence à poser violemment son doigt glacé dans la narine de la Vie ?!! Personne.
C'est bien ça aussi ton petit problème Night. Tu veux mettre trop de détails "kool ki fon tro peure". Je ne donne pas d'exemples pour éviter de raconter tout le film, mais franchement, avec un peu d'attention, il y en a un paquet qui bousille la crédibilité de l'intrigue.


Excepté ces erreurs grosses comme mes bourrelets après Noël ou le kebab du jeudi, The Visit est sympathique. Il alterne les moments comiques (avec un Ed Oxenbould survolté) avec les moments glauques et stressants (avec les deux pépés joués par Deanna Dunagan et Peter McRobbie). Ce n'est jamais vraiment original, on ne sursaute pas de son siège parce que de nombreux "coups de flippe" sont prévisibles, mais il faut avouer que c'est assez bien mené. L'histoire est bien imaginée, les personnages bien construits, l'adolescence est filmé de façon très intéressante et réaliste. En fait, c'est ça, M. Night Shyamalan devrait faire des films sur les adolescents avec des sujets de société et ne plus jamais toucher à l'horreur. Enfin, sauf s'il arrête d'utiliser les éternels clichés du cinéma d'épouvante qui doit être le moins original qui existe.


The Visit est donc un retour intéressant du cinéaste Shyamalan qui s'est depuis trop longtemps perdu dans des bouillasses infâmes de gros studios. Simple, un peu pressant, doté de bons personnages, il est cependant frelater par des erreurs cinématographiques ou le fait de ne pas assumer ses choix. Sans compter l'originalité qui manque au réalisateur indien.


Regardez Natasha St-Pier. Elle disparait pendant 10 ans pour revenir avec un album de disco-funk amérindien. C'est original ça, c'est.... Un mauvais exemple. J'avoue.

marckpedro
6
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le 24 févr. 2016

Critique lue 289 fois

Kaal Pedro

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