Il était une fois Ryan Reynolds en combinaison rose

J’adore Ryan Reynolds, j’adore la personnalité du gars et c’est aussi un super acteur. Il est capable de jouer dans des supers films comme il est capable de jouer dans des trucs très…passables.
Reynolds est devenu aux yeux du public Deadpool. Et ce rôle lui colle terriblement au cul. J’ai l’impression que tout le monde retient Reynolds pour ce film que je trouve juste…plaisant. J’irai pas me positionner du côté des détracteurs de Deadpool… mais c’est pas un film aussi génial que ce que les gens disent. De Reynolds je préfère de loin Buried par exemple où il prouvait vraiment son talent et jouait pas juste le mec rigolo. Ou encore X-Men Wolverine et… non je déconne !
Reynolds est devenu un acteur à la mode qui s’intègre dans une mécanique assez cruelle. Il n’a plus de rôle qui lui permet de faire autre chose que le mec rigolo. Et je trouve ça très dommage.
Puis est arrivé ce film. Tout droit sorti du cerveau d’un psychopathe qui aura passé le scénario à Marjane Satrapi à qui on devait l’excellente bande dessinée « Persepolis » (le film est excellent aussi).
Ce film est un bordel monstrueux, mais c’est absolument génial ! The Voices c’était exactement le film qu’il fallait à Reynolds. Il peut y jouer le mec rigolo ultra barré comme il aime, et en même temps, c’est pas dénudé d’intelligence. Dans The Voices, Reynolds incarne Jerry, un schizophrène qui voit le monde en rose (littéralement) et qui parle à ses animaux quand il ne prend pas ses pilules. Accessoirement, il tombe amoureux de la jolie Fiona qui va lui faire voir des visions encore plus agréables que d’habitudes. Mais le problème quand on est schizophrène, c’est qu’on a pas tout le temps le contrôle de soi-même et que ça peut vite partir en tuerie.
The Voices part très loin dans son délire sans jamais délaisser une certaine cohérence. C’est ça qu’il y a de dingue, c’est que chaque moment psychédélique, complètement surréaliste dans le film, le scénario arrive à le justifier. Un moment Jerry discute avec un poisson comme si de rien n’était, mais dans la cohérence du film, c’est logique. Quand Jerry ne prend pas ses médocs dans le film, le monde dans lequel il vit est lisse et très coloré. Ce qui permet à la mise en scène de jouer sur les couleurs (surtout le rose) et c’est vraiment génial.
Et puis c’est marrant ! Combien de fois j’ai ri aux éclats quand Jerry débat avec son chien et son chat ! L’utilisation des animaux est tellement intelligente dans ce film. Le chien (Bosco) est la bonne conscience de Jerry tandis que le chat (Mr Moustache) est sa mauvaise conscience (et il a un accent écossais). Et toutes ces discussions, elles ont lieu dans l’imagination de Jerry. Et toutes les voix des animaux sont doublées par Ryan Reynolds ! C’est génial ! Surtout que les voix sont géniales, que ce soit le chien, le chat, le poisson, le cerf ou encore la peluche chaussette, toutes les voix sont géniales. Même le générique de fin est à mourir de rire !
Et attention ! Mesdames et messieurs parce que voici le bouquet final ! Ce film parle de choses dures. Sincèrement ! Le passé de Jerry est cruel, le personnage est tragique. Tout ce que vit Jerry dans le film le fait souffrir. Et même si sa souffrance nous fait rire, il n’empêche que c’est un personnage tragique et extrêmement bien écrit. Dans tout le film, Jerry lutte contre sa folie car tout ce qu’il désire, c’est être un homme bien comme les autres. Le gars est désespéré, il parle aux têtes de ses victimes et présente des excuses les larmes aux yeux. Jerry est en détresse totale et je trouve que l’écriture de ce personnage atteint son paroxysme quand son chien (qui est pourtant sa bonne conscience) lui avoue ne plus avoir foi en lui. Les remords de Jerry et la haine qu’il a envers lui-même se répercutent sur les paroles de sa bonne conscience qui est pourtant censée le réconforter dans les moments les plus durs. Voilà un traitement de personnage réussi !
Alors voilà, The Voices, c’est un film très marrant qui parle de choses très tristes. Ça parle d’un sociopathe qui sait plus où il en est dans sa vie, d’un tueur en série qui tue de jolies filles dans un patelin paumé, d’un chat qui incite à tuer et d’un chien qui désire le meilleur pour son maître. C’est un film rafraîchissant très agréable à regarder mais c’est en même temps un film d’auteur vraiment bien foutu !
Ryan Reynolds aurait-il trouvé son meilleur rôle ?

James-Betaman

Écrit par

Critique lue 442 fois

2
1

D'autres avis sur The Voices

The Voices
Oneiki
7

Miaou to that!

Attention, OCNI ! Vous l'avez compris, cet acronyme désigne un film étrange, brillant, décalé et pour le moins hybride. J'en veux pour preuve sa double sélection au Festival International du Film de...

le 5 févr. 2015

74 j'aime

The Voices
magaliiw
6

Un trio infernal

Un trio infernal Un scénario pertinent et bien ficelé au casting habilement établi ainsi qu'une réalisation à l'esthétique gracieuse et stylisée font de The Voices un film étrangement singulier. Ce...

le 25 mars 2015

64 j'aime

25

The Voices
Bahia
5

C'est pas ma faute, c'est le chien qui a mangé le scenario

La barre de pub qui se balade au dessus de ma page d’accueil depuis quelques semaines aura eu raison de moi. Sans même m’en rendre compte, j’ai repris mes esprits en plein visionnage de cet étrange...

le 5 mars 2015

44 j'aime

8

Du même critique

Coupez !
James-Betaman
4

Tout l'art d'être critique (ou pas)

Le principe même de ce remake avait de quoi intriguer. Ce n’était pas une première pour Michel Hazanavicius de se réapproprier une œuvre filmique afin de lui insuffler un vent de modernité (et son...

le 29 janv. 2023

55 j'aime

28

After - Chapitre 1
James-Betaman
1

Le digne successeur de 50 Nuance de Grey... On pouvait pas espérer mieux

Hier soir, je me suis couché en me disant que la nuit porterait conseil pour ma critique d'After. Tu parle ! J'ai passé la nuit à cogiter dans ma tête, cherchant un truc bien à dire sur ce...

le 18 avr. 2019

52 j'aime

12

The Kissing Booth
James-Betaman
1

La pire représentation de la jeunesse que j'ai pu voir dans un film

J'ai eu une discussion avec un ami sur beaucoup de choses, notamment sur la société et les jeunes. Cet ami, qu'on va appeler Jack, parce que ça sonne bien, m'avait livré ce qu'il considère comme...

le 15 août 2018

46 j'aime

15