"Did you fuck the bitch ?"
Jerry est un ouvrier joyeux, qui aime son travail, qui est apprécié par ses collègues, et qui vit simplement avec son chien Bosco et son chat Mr Moustache. Suivi par une psychothérapeute, il semble néanmoins ne par avoir de problèmes, hormis être un peu simple d'esprit, comme un grand enfant. Cependant, lorsqu'il rentre chez lui, il parle avec ses animaux... Et les bêtes lui répondent...
J'ai du mal à mettre l’étiquette "comédie" sur ce film, car il n'est pas vraiment drôle. Certes, certaines visions de Jerry peuvent s’avérer cocasses, mais de là à dire que c'est une comédie, ça signifierai qu'on se moque de la vision d'un homme un peu handicapé. Vous allez me dire "c'est une comédie noire, basée sur l'humour noir", ce a quoi je répondrai "D'accord, mais il n'est pas vendu comme tel. L'affiche peut nous donner un indice, mais j'aime bien la précision". D'ailleurs, lorsqu'on sait que j'étais tout seul dans la salle, on peut se demander s'il y a eu de la pub... Mais trêve de bavardage, qu'ai-je pensé du film.
Franchement, j'ai adoré. Je vais revenir point par point sur les qualités du film, mais je lui trouve peu de défauts. Commençons par les acteurs. Ryan Reynolds joue vraiment bien cet homme enfantin, assez heureux. Sa voix part souvent vers le haut lorsqu'il parle ("WAAAH, Bosco, what a dog, WHAT A DOG"), il se bouche les oreilles comme les gosses lorsqu'il ne veut pas écouter ses animaux, et il arbore en quasi-toutes circonstances un sourire assez niais. Cependant, lorsqu'il tue, on a l'impression qu'il regrette sur son visage, mais sans éprouver beaucoup plus d'émotions; car la découpe des corps ne semble rien lui faire éprouver. Il prête aussi sa voix aux animaux : le chat, qui serait un diablotin dans des cartoons, a une voix avec un accent assez étrange, assez sec, et est cynique et autoritaire. Le chien, quand à lui, a une voix plus grave et plus blasé, comme s'il connaissait tout du monde ("You're a good man, Jerry"). Gemma Arterton joue Fiona, la fille dont Jerry est amoureux. Ce que l'on va retenir de son jeux sont surtout ses mimiques, et ses expressions de visages (vous comprendrez pourquoi si vous regardez le film), qui sont toutes différentes, et qui peuvent varier du sourire à la colère très rapidement. Le reste du casting est aussi bon, mais moins présent à l’écran. Je retiendrai peut-être le personnage de Lisa, jouée par Anna Kendrick, qui est assez attachant, mais peu développé.
Niveau réalisation, j'ai adoré comment le point de vue de Jerry est représenté, c'est-à-dire de manière enfantine. A noter que son point de vue est adopté tout le long du film à l'exception de certains plans. Des papillons viennent voler autour de lui quand il est heureux, le travail des trans palettes ressemble pour lui à une chorégraphie, Fiona prend l'apparence d'un ange lorsqu'il la regarde et son appartement lui semble toujours propre et douillet, même lorsqu'il coupe un corps. Les meurtres sont réalistes, sans être trop gores, et, si le sang coule, les corps semblent garder la même fraîcheur pour Jerry. Je vous laisse découvrir les quelques plans où le point de vue change...
J'ai pas grand chose à redire niveau scénario, qui est assez bon en étant des fois un peu prévisible. Une chose intéressante est que la folie de Jerry n'est pas expliqué par le traditionnel "maman était une prostituée, qui me battait parce que c'était le seul moyen pour elle d'être en vie". La musique accompagne bien l'action, et peu changé du tout au tout : par exemple, le film s'ouvre sur l'usine où travaille Jerry, avec une musique joyeuse ventant les mérites de l'entreprise; et lorsque le titre apparaît, on entend un son sourd, et un bruit de couteau. C'est cette dualité de son qui va rester tout le film, comme l'état d'esprit de Jerry : joyeuse/stressante, festive/mortelle... Et la chanson de fin est juste géniale.
Ce film vaut vraiment le détour. Déjà car il aurait mérité plus de pub, ensuite parce qu'il est pleins de bonnes idées. Les acteurs sont bons, comme la réalisation. C'est une bonne surprise, que je vous conseille vraiment.