The Warrior's Way, ou le pèlerinage d'un ninja sur les terres poussiéreuses de l'Amérique des cactus et du whisky sans glace.
Qui n'a jamais rêvé de voir un as du sabre se frotter à la puissance dévastatrice d'une doublette de Colts accompagnée d'une tendre Winchester 12 coups? Seung-Mu Lee vous offre une chance unique de contempler un pur produit de série B : deux styles distincts du film de genre que sont les films de ninja et ceux de cow-boy s'entremêlant pour distiller intérêt et jouissance proscrite aux fans de film "différent".
Le film est rythmé, principalement du fait des combats chorégraphiés à la perfection, même si ce dernier connaît comme bon nombre de ses prédécesseurs une baisse de régime en milieu d'expérience. Sa force réside avant tout dans la juxtaposition de deux univers diamétralement opposés. Le calme et la sérénité du combat à l'épée face à la rage et la fureur de la poudre à canon gratifiant l'air ambiant d'une odeur de brûlé pas si déplaisante : le tout saupoudré de Bullet Time bien entendu.
Bien au-delà du simple délire, le film n'a en aucun cas à rougir de sa prestation. L'ambiance y est unique. Décors, costumes ... sont travaillés. Que ça soit les marais au début du film ou encore le Far West et son lot de saloon, freak show, rue principale propice au duel, cimetière ... présentent un cachet particulier ; tout comme les costumes à la fois rétro mais savamment mis aux goûts du jour. Clowns, ninja à la sauce Gaiden (voir le jeu vidéo), cowboys tout droit tirés de Mad Max et consort ... agrémentent, enrichissent viscéralement l'univers proposé.
D'un point de vue scénario, l'auteur a fait dans le conventionnel. Le plus grand guerrier de l'Est du monde décide de fuir cette vie faites de massacres pour les jolis yeux d'un bébé qu'il ne peut se résoudre à tuer. De l'autre côté du monde, il se crée une nouvelle vie faites de rencontre ..., se cachant de la première. Mais le mal est une plaie qui ronge les hommes et le Far West n'échappe pas à cette règle. Le village où ce guerrier a trouvé le repos est sans cesse attaqué par une horde de hors-la-loi dont le chef n'est rien d'autre qu'un fétichiste des dents ... Un scénario tout en exagération.
Scénario, twists et personnages sont exagérés à outrance pour le plus grand plaisir de l'adepte de bande dessinée et autres comics. Tout dans cette oeuvre rappelle les codes du 9ème Art : traits forcés des protagonistes, plans de caméra torturés, scènes en ombre chinoise, un clair/obscur né de la détonation d'armes à feu ... Ce film dégage une odeur de crayon, de peinture qui me ravive les sens.
A bon entendeur, ce film est loin d'être parfait mais il mérite qu'on s'y attarde. Ne serait-ce que pour l'effort, la tentative. Le film suppose que "tout ce que tu aimes, tu le détruiras". Force est de constater que ce n'est pas toujours le cas.