Drame naturaliste et austère, the Young Lady, prend d’abord les atours d’un manifeste féministe. La jeune Katherine est mariée de force à un homme deux fois plus âgé, lui-même persécuté par un paternel peu accommodant. Elle s’ennuie, dort beaucoup et finit par s’éprendre du palefrenier de la maison.
On pense ainsi voir la trame classique d’une émancipation, le destin tragique d’une femme soumise tentant d’échapper au joug d’un mari violent et d’un quotidien mortifère.
Pas du tout. The Young Lady prend à mi-chemin une toute autre direction, et on comprendra plus facilement le titre anglais original du film « Lady MacBeth ».
Afin d’assouvir ses envies, d’affirmer son besoin de liberté et sa soif de jouissance, Katherine va peu à peu transformer son désir d’émancipation et de lutte contre une société patriarcale liberticide en une folle fuite en avant, aveugle et égoïste, emportant son amant dans sa sanglante entreprise.
The Young Lady est un premier film surprenant de maîtrise aussi bien formelle que narrative. Le clacissisme froid et élégant de la première partie du film, que de splendides tableaux des plaines anglaise ou du visage de l’héroïne viennent illustrer, sombre peu à peu dans une brutalité glaçante et dérangeante.
Ce malaise ne serait pas aussi prégnant sans l’interprétation toute en ambiguïté, entre victime et bourreau, de Florence Pugh, dont c’est le premier rôle. Son évolution, des premières pauses mutines et provocatrices à ce dernier regard glaçant, est éloquent. Il est fascinant de la voir plonger progressivement dans l’antre de la folie. Une révélation.

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le 2 juin 2017

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