Thelma et Louise est un drame américain réalisé par Ridley Scott et sorti en 1991. Enfermée dans une relation avec un époux trop arrogant, autoritaire et doté d’une estime de soi démesurée ; le machisme poussé à son paroxysme, Thelma Dickinson se sent frustrée et comme prise en cage. Louise Sawyer, quant à elle, bien plus désinhibée, est serveuse dans un diner. Cette dernière encourage Thelma à prendre à contre-pied son existence conventionnelle et monotone en s’offrant un week-end à la montagne, direction l’Utah, pour aller pêcher. Cependant, ce qui s’apparentait comme étant une simple escapade entre amies, tourne vite au cauchemar lorsqu’après s’être arrêtées en chemin dans un bar pour danser, Thelma est rouée de coups et manque d’être violée sur le parking de celui-ci. Louise arrive in extremis et vole au secours de son amie. Mais, confrontée à la vulgarité et l’agressivité de l’agresseur, Louise n’a d’autre choix que de l’abattre de sang-froid. Les deux rouquines sautent alors dans leur voiture et s’enfuient du lieu du crime jusqu’à regagner leur chambre d’hôtel. Thelma plaide pour l’idée de se rendre à la police tandis que Louise refuse, estimant que personne ne croira qu’il s’agissait de légitime défense. Il leur est désormais impossible de revenir en arrière. S’enchaîne alors une course-poursuite vers le Mexique entre les deux jeunes femmes et la police qui ne tarde pas à mettre la main sur leurs traces, épaulée par l’époux de Thelma, Darryl. Au cours de leur tumultueuse cavale, Louise téléphone à son compagnon, Jimmy, lui demandant de réunir toutes ses économies, sans quoi, elle sera incapable de repartir de zéro au côté de Thelma. Malheureusement, un jeune auto-stoppeur avec lequel Thelma partage une idylle très brève quoique passionnée s’empare de leur argent. Désespérées et prises malgré elles dans un engrenage infernal, Thelma et Louise cumulent délit de fuite, vol à main armée, excès de vitesse, menaces sur agent des forces de l’ordre… Bien que la situation devienne hors de contrôle, elles font le serment, quoi qu’il arrive, de ne jamais abandonner.


Deux femmes désinvoltes en quête d’un peu de bonheur, des paysages grandioses insufflant un vent de liberté, et une bande originale aux sonorités propices à l’évasion, telle est l’intrigue dressée par Scott dans Thelma et Louise. La mythique route soixante-six, fil conducteur du film, contribue à nous élever, nous, spectateurs, au rang d’intimes acolytes des deux jeunes femmes, pour lesquelles on ne peut s’empêcher d’éprouver de la compassion mêlée d’admiration.


Taxer Thelma et Louise de vulgaires misandres souhaitant uniquement renverser le patriarcat en se vengeant des hommes serait cruellement échapper aux différents sens véhiculés par le réalisateur d’Alien, le huitième passager. Thelma et Louise s’inscrit en véritable plaidoyer pour la liberté et met à l’honneur la lutte pour l’émancipation de la femme. Rappelons, en effet, que le film met tout d’abord en scène deux femmes qui souhaitent simplement s’octroyer quelques heures de liberté, loin des contraintes de la vie de femme au foyer dévouée, ou de la monotonie d’une vie de serveuse inaccomplie. Aujourd’hui, cela peut paraître anodin voire chose aisée, mais pas pour la société américaine de la fin des années 1980 - début 1990 où de fortes inégalités persistent encore entre les femmes et les hommes. Le film met d’autant plus l’accent sur les comportements misogynes auxquels doivent, plus d’une fois, faire face nos deux protagonistes. Détestables, grossiers et obscènes sont les hommes qui croisent leur chemin ce qui nous incite davantage à nous rallier à la cause de Thelma et Louise.


J’ajouterai que ce qui fait vraiment la beauté de ce film est l’évolution des protagonistes. Tout au long de leur périple, les deux jeunes femmes s’émancipent, et en particulier Thelma. Louise, grâce à son allure et son accoutrement à la touche rock’n’roll, représente une source d’inspiration pour cette dernière. Le film soulève la transgression des genres, matérialisée par le changement de look et d’attitude des deux jeunes femmes, qui se masculinisent de plus en plus en abandonnant leurs vêtements féminins. En fin de compte, ce sont les hommes qui attendent leur retour au foyer tandis qu’elles partent à la conquête de l’Ouest, renversant ainsi l’ordre établi dans une société faite à l’avantage des hommes.


Mais, le point culminant de l’affranchissement, et de l’ascension vers la liberté des deux jeunes femmes, ne peut être symbolisé que par l’arrêt sur image de leur époustouflant saut dans le vide au-dessus du Grand Canyon à la fin du film.


Thelma et Louise nous amène à repenser la place de la femme dans la société américaine des années 1990. Le film ne manque pas d’insister sur la difficulté d’être une femme entre le sexisme permanent, le harcèlement quotidien, les agressions sexuelles et l’injustice du système judiciaire. Thelma et Louise estiment, en effet, qu’il leur est plus favorable de s’enfuir plutôt que de se livrer à la police, ce qui est révélateur du peu de considération portée aux femmes victimes de viol.


Pour moi, ce film est incontestablement le meilleur réalisé par Scott. Thelma et Louise se dresse comme ode à la liberté et véritable critique sociale de l’Amérique machiste. C’est un incontournable road movie, qui conjugué avec une bande originale envoûtante et des paysages dignes de Westerns, se révèle être très efficace. Je finirai par mentionner le génie de ce film qui rend très bien hommage aux femmes de l’Amérique des années 1990 qui osaient s’affranchir de la société et de ses convenances.

Jeune_Padawan
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le 16 mai 2021

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