Comme son titre « français » l’indique, This is not a love story n’est pas une histoire à l’eau de rose entre adolescents. L’anti-héros du film, Greg, prendra d’ailleurs soin de nous le rappeler à plusieurs reprises, faisant ainsi un pied de nez aux romances sur grand écran qui sentent (fort) l’Eau Jeune stéréotypée. Non, This is not a love story, c’est avant tout une histoire d’amitié entre Greg, Earl et « the dying girl ». Greg, lycéen en terminale et champion de l’autodérision, cherche à tout prix à se fondre dans la masse pour se faire oublier. Depuis la maternelle, il passe son temps à réaliser des pastiches de grands classiques du cinéma sous forme de courts métrages avec son « collègue », Earl. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes de l’invisibilité, jusqu’au jour où la mère de Greg lui demande expressément de rendre visite à Rachel, une ancienne camarade de classe atteinte de leucémie. Vous l’aurez deviné, Rachel est « the dying girl ».


Là, vous vous dites : encore un récit initiatique où l’ado malade va donner une grande leçon de vie à l’ado bien portant mais mal dans sa peau, tout cela dans un grand charivari de pathos… Et bien, détrompez-vous ! Certes, il s’agit là d’un récit initiatique. Certes, il y aura très probablement des larmes versées (dur de ne pas se laisser attendrir par un final bouleversant accompagné du morceau « The Big Ship » de Brian Eno). Mais vous n’êtes pas dans un drame voyeuriste où le but principal est de vous fendre le cœur. Au contraire, This is not a love story aborde des sujets délicats avec douceur, subtilité et surtout… avec humour.


Cet humour décalé, on le doit en grande partie à la plume de Jesse Andrews (le scénariste, mais aussi l’auteur du roman dont est adapté le film), au regard d’Alfonso Gomez-Rejon (le réalisateur) et à la palette de personnages drôles et touchants qu’ils dessinent ensemble. En tête, Greg bien sûr, interprété par le jeune Thomas Mann (Projet X), qui déconcerte et séduit de par sa franchise et ses répliques pleines de cynisme. Vient ensuite son père, incarné par Nick Offerman (la série Fargo, 21 Jump Street, La Grande Aventure Lego…), qui n’est autre qu’un prof de sociologie complètement loufoque passant ses journées en robe de chambre, son chat dans les bras, à déguster des mets exotiques très étranges, tout en regardant des films de Werner Herzog. A côté de ces personnages pleins d’humour, d’autres sont plutôt voués à faire vibrer la corde sensible. C’est le cas de Rachel, jouée par la prometteuse Olivia Cooke jusqu’ici abonnée aux films ou séries d’horreur (Ouija, Bates Motel…), ou de sa mère Denise, campée par Molly Shannon (surtout connue pour sa participation au Saturday Night Live). Enfin, au milieu de ces rires et de ces larmes, siègent les deux « sages » du film, à savoir monsieur McCarthy, le prof d’histoire couvert de tatouages qu’on aurait tous rêvé d’avoir, joué par Jon Bernthal (Fury, Sicario, The Walking Dead…) ; et last but not least, Earl, le pote qu’on aurait tous dû avoir, interprété par le jeune RJ Cyler. Faisant ici ses premiers pas au cinéma, ce dernier est incontestablement une vraie et belle révélation qu’il faudra suivre de très près.


Les films dans le film


Au-delà de l’histoire sincère reflétant les tumultes de l’adolescence, This is not a love story est avant tout une jolie déclaration d’amour au cinéma. Les courts métrages bricolés par Greg et Earl, qui se dévoilent un à un au fil du film, parodient des chefs-d’œuvre du 7e art pour mieux leur rendre hommage. Ainsi, A Clockwork Orange (Orange Mécanique) se transforme en A sockwork Orange (une vague histoire de chaussettes), Les 400 Coups en The 400 Bros, Apocalypse Now en A Box O’Lips, Nosferatu en Nose Ferret 2, ou encore Vertigo en Vere’d He Go? Faits de papier mâché, de marionnettes et autres fantaisies artisanales, ces films originaux, souvent tournés en stop-motion, ne sont pas sans évoquer l’univers d’un Michel Gondry ou d’un Wes Anderson. Et ce n’est pas un hasard : ils ont été réalisés (en vrai) par Edward Bursch et Nathan O. Marsh, deux familiers du réalisateur du Grand Budapest Hotel...


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Camdansunfilm
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le 3 févr. 2016

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