Difficile de rédiger la critique de Timecrimes sans en révéler les principaux rebondissements, tant le récit s’articule autour de ceux-ci.
Sous ses aspects de film fauché (la qualité technique de l’image laisse sérieusement à désirer, le casting se compose de seulement quatre acteurs, le décor est quasi unique), le premier long métrage de Nacho Vigalondo s’impose comme un thriller de SF remarquablement écrit et mené tambour battant grâce à une mise en scène à la précision diabolique.
Il existe différentes manières d’aborder le concept des voyages dans le temps. Dans Timecrimes, tout ce qui va être montré au spectateur lors du retour en arrière s’est déjà produit, et de manière irréversible. Le film aurait donc pu aisément perdre en route son spectateur en voulant lui narrer des événements qu’il connaît déjà.
Mais au-delà du simple changement de point de vue lié au voyage dans le temps, Nacho Vigalondo rajoute de nouvelles sous-intrigues qui relancent constamment l’intérêt du récit.
Mieux encore, la plus grande réussite du film provient de sa capacité à dépasser son statut de trip SF (et les incontournables passages obligés, comme le paradoxe lié aux doubles du héros) pour proposer une relecture inédite et fascinante de la figure du croque-mitaine. La révélation de l’identité de ce dernier, bien que prévisible, propose une alternative originale au manichéisme habituel du genre.
En prenant comme personnage principal un homme parfaitement ordinaire (le début du film nous le montre de retour de ses courses, discutant avec sa femme de façon tout à fait banale), l’identification au héros devient naturelle, rendant les péripéties et les différentes étapes qu’il va traverser terriblement authentiques.
L’intrigue et les enjeux se réduisant à son seul personnage principal, Timecrimes prend son spectateur par la main et ne le lâche plus jusqu’à ce que la boucle soit bouclée, reproduisant alors l’un des premiers plans du film, comme si le calvaire qui a précédé n’avait finalement été qu’un vilain rêve.