Reign In Blood
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Si le nom de Yoshihiro NISHIMURA apparaît sur le devant de la scène pour la première fois avec ce Tokyo Gore Police, il est de mise de rappeler que le monsieur n’en est pas à son premier coup d’éclat. Surnommé le Tom SAVINI du Japon, NISHIMURA se fait surtout connaître comme étant un directeur des effets spéciaux particulièrement ingénieux et talentueux. Aux commandes notamment sur le Suicide Club de Sion SONO (l’incroyable séquence d’ouverture, c’est lui) et sur The Machine Girl de son compère Noboru IGUCHI, Yoshihiro NISHIMURA s’impose rapidement avec son style inimitable et ses méthodes audacieuses dans le milieu du cinéma indépendant japonais.
Avec Tokyo Gore Police, NISHIMURA reprend le scénario d’une de ses premières réalisations – Anatomia Extinction, sortie en 1995 et notamment récompensée par un Prix du Jury au Festival international du film fantastique de Yubari – et nous transporte dans un univers affirmé, habité et très personnel. Dans le futur dystopique de Tokyo Gore Police, la police a été privatisée et fait violemment et arbitrairement régner sa loi au nom d’un état d’urgence proclamé en raison de la nécessité d’exterminer les mutants. À travers cette fable horrifique, on sent déjà le fort message politique et social des films de NISHIMURA, ce qui sera confirmé quelques années plus tard avec Helldriver. Entrecoupant le film de faux spots TV à l’imagerie kitschissime qui évoquent l’univers tout aussi dystopique du film Brazil de Terry GILLIAM, Yoshihiro NISHIMURA distille sa satire sociale en fustigeant de façon rigolarde la police et la société de consommation. Mais Tokyo Gore Police ne tombe jamais réellement dans la comédie. Tout y est traité très froidement et d’un humour pince-sans-rire, à l’opposé de la fantaisie décomplexée que peut être The Machine Girl par exemple, ce qui rend le film assez dérangeant.
L’ambiance de Tokyo Gore Police est extrêmement glauque et même s’il reste à la hauteur de son budget, le film déploie une esthétique qui révulse autant qu’elle fascine entre le genre giallo et le cyberpunk, qui donne au film une atmosphère crade et troublante. Visuellement, Tokyo Gore Police ne recule devant rien et si NISHIMURA fait une fois de plus preuve d’un savoir-faire hors pair, il ne lésine pas sur les effets spéciaux et sur le gore. Le film est incroyablement sanglant, et plus encore. Rien ne nous est épargné, la chair est arrachée, découpée, mutilée et toutes sortes d’insectes et autres bestioles contribuent à ce sentiment vomitif que procure le film, piochant autant dans le cinéma d’exploitation que dans l’ero-guro à la limite du snuff movie, genre qui a fasciné les réalisateurs extrêmes japonais dans les années 80 et 90.
Scénaristiquement, Tokyo Gore Police ne dépareille pas et propose une véritable enquête policière bien ficelée où toute l’intrigue se dévoile finalement dans une superbe scène fleuve, presque trop pour un film de Yoshihiro NISHIMURA. Proposant une poignée de scènes réellement dramatiques et touchantes, le film ne s’éloigne cependant pas de ce qu’attend le public type des productions de NISHIMURA et offre un final déjanté à la hauteur des espérances.
S’il est incontestable que Noboru IGUCHI est la figure de proue iconique de Sushi Typhoon, Yoshihiro NISHIMURA prouve avec Tokyo Gore Police – qui mènera d’ailleurs à la création du studio – que c’est bel et bien lui qui porte toute cette petite entreprise sur ses épaules.
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le 5 janv. 2016
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