La mort aux bourses
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Fort du succès critique et commercial de son "RoboCop" (1987), le grand Paul Verhoeven revenait trois ans plus tard, en 1990, avec une nouvelle histoire de science-fiction, "Total recall", adaptation d'une nouvelle du célèbre écrivain de S-F Philip K.Dick.
Gros blockbuster s'il en est de par son budget (100M$, ce qui pour l'époque, était considéré comme énorme), son casting de luxe dominé par une super star (Arnold Schwarzenegger) et ses effets spéciaux dernier cri, "Total recall" se caractérise avant tout et surtout par son scénario, relativement complexe.
En contant l'histoire d'un homme à la recherche de sa mémoire perdue (il sent au fond de lui qu'il n'est pas tout à fait l'homme qu'il est) que des terroristes vont pourchasser sans relâche, Verhoeven opte pour une réalisation efficace, alternant avec un excellent sens du rythme scènes d'action spectaculaires, violentes et musclées (Schwarzy oblige) et moments plus réflexifs, centrés avant tout sur la quête d'identité du héros. La particularité de ces moments réside dans le fait qu'on ne sait jamais trop s'ils sont l'exact reflet de la réalité ou au contraire un fantasme de réalité, ce qui confère au film une dimension encore un peu plus fascinante.
L'autre qualité majeur du film vient de l'univers futuriste que le réalisateur montre à l'écran. Femme-alien à trois seins, médium au visage grièvement blessé et déformé, taximans louches et pervers; bref, c'est une bien sombre vision du futur que donne à voir Verhoeven, peuplé d'individus sans scrupules (les personnages interprétés par Sharon Stone, Michael Ironside et Ronny Cox sont là pour le prouver).
N'importe qui peut être un méchant ou un gentil, semble nous dire Verhoeven, n'hésitant pas d'ailleurs à montrer la mort de manière bien gore, insistant sur les corps ensanglantés, déchiquetés, broyés ou encore brûlés vifs jusqu'à faire ressortir les os.
Seul ombre au tableau de cette petite merveille : Schwarzy ! Avec sa carrure d'Hercule et son visage aussi expressif qu'un vieux chimpanzé (se limitant généralement soit à un rictus de surprise, soit à une grimace de colère), on peine à croire complètement à ce monsieur tout le monde, on ne peut plus ordinaire confronté à un destin extraordinaire. A croire que Michael Keaton, Willem Dafoe, Michael Douglas ou Kévin Bacon (autres stars de l'époque) n'étaient pas disponibles.
Toutefois, on pardonnera cette lourde erreur de casting pour se recentrer sur l'essentiel : un scénario prenant, haletant, complexe et même joliment réflexif (une vie fantasmée vaut-elle mieux qu'une vie normale et réelle ?) et une réalisation virtuose emmené par un Verhoeven en grande forme.
Du grand art !
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le 5 juin 2016
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