Avant d’être le film des années 1980 marqué par le jeu d’acteur célesto-cosmique d’Arnold Schwarzenegger, Total Recall est une nouvelle écrite par Phillip K. Dick, papa entre autre de Minority Report et de l’excellent Ubik. Autant dire qu’au panthéon de la SF, Phillou n’est pas une bite (oui je fais dans l’humour bilingue et un peu grossier) et se place au même rang qu’un Bradbury ou qu’un Huxley.

Néanmoins, si le talent de l’auteur n’est plus à démontrer (on considérera que les 4 lignes au-dessus suffisent, si ce n’est pas le cas allez lire les œuvres et revenez), ce n’est pas la même paire de manches avec les réalisateurs qui ont adapté ses écrits. La star du jour ? Len Wiseman et son Total Recall : Mémoires programmées.

La première chose qui frappe dans ce film, et je parle dans le sens littéral du terme, ce sont les effets de lumières. Vous savez, le lens flare, cet effet très caractéristique de l’ami J.J Abrams, la diffusion rectiligne d’une lumière à l’arrivée d’un vaisseau extraterrestre par exemple ?
Si sur le papier ça reflète vraiment l’esprit SF cyberpunko-futuriste, à l’écran il faut le dire, ça nous brise autant les burnes que les rétines. L’impression est donné d’un gamin qui s’est amusé à reproduire les façons de faire de son paternel adoré mais sans le talent ni la mesure. Résultat : deux plans sur trois sont surchargés d’effets et de filtres venant faire s’ébrouer jusqu’au moins épileptique d’entre nous.

Ce qui est dommage, c’est qu’en y réfléchissant, la direction artistique (hormis le demeuré qui s’occupait de la post-prod lumière) a vraiment bien fait son boulot. Les décors sont beaux, l’univers fidèlement reproduit, très proche de l’esprit des Deus Ex et dans la claire lignée de ce que pouvait être Minority Report (Spielberg en moins malheureusement).

L’annonce est faite : ce film doit plaire à au moins l’une des catégories suivantes :

Hélas, une seule de ces dernière est vraiment ciblée (perdu, ce ne sont pas les vieux roublards de la SF) et cela s’en ressent, tant dans la réalisation multipliant les effets hollywoodiens (vas-y que je saute au ralenti sur fond d’explosions) que dans le jeu d’acteurs digne de la mort de Marion Cotillard dans the Dark Knight Rises … mais sur 2h. Autant dire que supporter le trio Farrel-Beckinsale-Biel relève du supplice. Si les Nord-Coréens sont en panne d’inspiration pour faire causer leurs prisonniers, j’ai deux trois idées pour eux.

Colin Farrel en tête dans le rôle du héros paumé ne parvient pas une seconde à convaincre. Loin de la performance (au hasard hein) d’un DiCaprio dans Shutter Island (qui a dit démago ?), il ne réussit pas à nous embarquer dans son histoire ni à se rendre attachant. On supporte à grand peine l’enchainement de poursuites et de scènes toutes plus invraisemblables les unes que les autres dans lequel l’acteur ne parvient pas à s’affirmer. Ajoutez à cela une femme hystérico-ménopausée et une amourachée à la crédibilité d’une loutre morte et vous avez « l’amazing casting » (juste pour la rime) promis par le réalisateur.

Le plus dur, c’est que l’on tient bon au final avec un seul espoir : la scène suivante ne pourra pas faire pire que la précédente. Et pourtant que nenni ! Tel Usain Bolt pulvérisant course après course ce qui lui sert d’opposants, chaque scène vient rendre la précédente quasi-acceptable tant elle repousse les limites du ridicule. Comme pour en rajouter, certaines répliques viennent donner un air de série W à un film qui subira sans doute le plus gros coup de vieux cinématographique du siècle d’ici à peine deux ans. Pêle-mêle : « tu ne pensais pas que j’allais partir sans un dernier baiser chérie ? » ou encore ma préférée : « je ne sais peut-être pas qui j’étais, mais je sais qui je suis maintenant ».

C’est à ce moment je crois que j’ai arraché l’accoudoir gauche de ma place afin de broyer menu toute forme humaine étant à portée de bras. La question qui se pose est : « Pourquoi ? ». Okay, tu aimes Phillou. D’accord tu veux claquer 150 millions comme un grand et offrir un grand rôle à ta femme. Mais franchement, pourquoi Len ? Quitte à massacrer des yeux, tu aurais dû t’engager dans la réalisation du Twilight chapitre 14, épisode 12, épilogue 46 : défécation, là on aurait compris.

De ce Total Recall ne reste qu’une suite de clichés, de ralentis hideux et de répliques à faire vomir le plus grand amateur de Roller-Coster. Une vaste farce à 150 millions ne parvenant pas une seule seconde à instiguer l’ombre d’un doute sur ce qui aurait pu être une scène finale magistrale d’un film de SF. Déception.

Samuel_C_
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le 15 août 2012

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Samuel_C_

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