Tout contre Léo
6.3
Tout contre Léo

Téléfilm de Christophe Honoré (2004)

Honoré en adaptant son livre a réussit un film tout à la fois sensible et cru mais surtout un film qui contient en germe tout son cinéma.

Homosexualité, choix non motivés des personnages, déroute, liens fraternels et indéfinissables, sida et chansons sont les ferments de ce film.

Léo, 20 ans, apprend qu'il a le sida, il l'annonce à sa famille, ses parents et ses deux frères mais personne ne veut le dire au plus petit des frères, le 4e, Marcel, 12 ans, qui apprend tout et qui garde ça pour lui et surtout qui ne comprend pas pourquoi on ne lui dit pas la vérité.

Le film, familiale, va suivre les réactions de ce jeune garçon entre amour et haine pour son frère. Dès lors, la caméra se focalise aussi sur Léo, ses désillusions, son refus de s'en sortir.

Il aborde aussi la manière dont chacun devra faire avec son deuil, le personnage de la mère étant merveilleusement traité.

Le film, illustré avec brio par la musique de Beaupain, déjà , (qui apparaît furtivement mais joliment dans le film et qui ici n'est pas Alex mais Alexandre, ce détail m'a fait sourire), se découpe en deux temps, deux lieux, ceux qui vont hantés tout le cinéma d'Honoré : La Bretagne, terre de la souffrance, de la famille qui aime et étouffe, qui perd et Paris, terre de l'onirisme, des ballades et du rêve, terre aussi des déroutes les plus ferventes.

Tout contre Léo est filmé de manière très belle mais aussi très scolaire, marquée. On voit presque trop l'enchaînement des plans, ultra souligné. Mais c'est un film qui met en exergue des scènes magnifiques, des plans inoubliables, à l'image de la chute de la mère, dans l'herbe, en robe rouge. Ces instants suspendus où le monde nous échappe, où l'amour nous assaille, où l'on voudrait se perdre dans les bras d'un autre, avant de renoncer, toujours car " les amours même les plus grands ternissent, le sale soleil du jour, le jour les soumets au supplice ...". L'enfance surgit ici magiquement dans le film d'Honoré, non pas pour attendrir mais comme figure de l'amour frêle, entier et douloureux, celui des premiers chagrins, celui des premiers amours, ce premier film a constitué une carrière, déjà bien engagée, hétéroclite et puissante qui n'est jamais simple et aborde de front les sentiments jamais comme on s'y attend.

Dans l'errance dans les rues de Paris, la mise en avant des amours plurielles, le film contient toutes les obsessions d'Honoré, celles qui font de ses films des objets cinématographiquement non identifiables. Déroutant.
eloch

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4

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