Déjà à l'époque on nous l'avait vendu ainsi et encore aujourd'hui c'est souvent la première chose qu'on en dit : "Toy Story" c'est le premier long-métrage intégralement réalisé en images de synthèse.
Et si l'affirmation est vraie, la marteler sans cesse pour parler de ce film est au fond un peu con.
Une révolution technique dit-on ?
Peut-être... Mais que pèse vraiment "Toy Story" là-dedans ?
De nombreux courts-métrages avaient déjà accompli l'exploit avant 1995 - dont quelques bijoux Pixar par ailleurs - quant au format long il avait lui aussi déjà bénéficié depuis un certain temps de ce procédé : rappellons-nous "Tron" où "Le Cobaye", les brachiosauses de "Jurassic Park" ou bien encore la horde de gnous dans "Le roi Lion"...
Et puis franchement : quel sens cela a encore aujourd'hui de regarder ce "Toy Story" avant tout comme une première technique ?
...N'a-t-on pas autre chose à voir dans le cinéma que la technique ?
Alors - pitié - sachons laisser ça de côté (...dit celui qui y a consacré deux paragraphes entiers :-/ )
Seulement voilà : pourquoi se rappeler aussi souvent que "Toy Story" a eu ce mérite de la première fois ?
Eh bien peut-être tout simplement pour préserver ou transmettre l'émerveillement qu'on a pu avoir face à lui lors de sa sortie au cinéma en 1996...
Parce qu'aujourd'hui - à le prendre pour ce qu'il est en tant qu'oeuvre à part entière - "Toy Story" est à beau rester un spectacle sympa - j'en conviens - moi je trouve malgré tout qu'il n'a rien de véritable transcendant pour lui.
Alors OK, à bien tout considérer, on a là un film très propre formellement et qui sait tirer parti de son particularisme technique afin d'offrir cet univers (pour le moins original) fait de jouets.
De même, je reconnais que l'ensemble est bien ficelé : pas de temps mort, clins d'oeil réguliers, humour léger, dénouement convenu.
"Toy Story" se regarde.
"Toy Story" peut faire sourire.
Je peux même d'ailleurs le revoir sans réel déplaisir, donc pas de souci sur tous ses points là.
Seulement voilà, même lors de mon premier visionnage au cinéma - et j'avais treize ans - j'ai trouvé ça...
...lisse.
Oui c'est bien le mot.
Lisse comme le cul d'un cow-boy en plastique.
Parce que l'air de rien, John Lasseter et Pixar voulaient tellement réussir ce projet techniquement fou - et je ne leur retire pas ça - qu'ils n'ont voulu prendre aucun autre risque sur tout le reste.
Une armée de scénaristes a été débauchée sur ce film - tous pour la plupart issus du protecteur Disney - et franchement ça se sent.
Parce qu'en bout de course "Toy Story" ne sort vraiment jamais de standards bien balisés : buddy movie couplé à un road trip assez basique, lutte contre un vilain méchant, et le tout au service d'un propos sur... l'amitié.
...Mouais.
Permettez moi d'être un brin dubitatif.
Pour le coup je trouve que ce film a beau être une belle entrée en scène technique pour Pixar, elle n'en reste pas moins une déception - pour ne pas dire un reniement - de ce qui faisait déjà alors son génie.
Car pour ceux qui suivaient les festivals Imagina à l'époque, Pixar s'était déjà fait un nom sur la scène du court.
A chaque fois, ces types là étaient parvenus à générer de l'émotion dans des objets du quotidien - qu'il s'agisse d'un motocycle rouge ou bien d'un jouet en plastique d'aquarium - et cela en sachant jouer la carte de la suggestion, du silence, de la recherche du geste pur.
Ce talent narratif, on saura le retrouver plus tard chez Pixar : dans le récit de vie du vieux Carl dans "Là-haut", dans les décors suggestifs des "Indestructibles" où bien encore dans tout le premier tiers du merveilleux "Wall-E"...
Mais dans ce "Toy Story" : pas grand-chose. Pour ne pas dire rien.
"Toy Story" c'est davantage du Disney de l'époque que du Pixar de l'époque.
...Et cette intrigue fadasse à base de propos anesthésiant en est pour moi la plus évidente des démonstrations.
Mais bon...
Que voulez-vous...
"Toy Story" a été une première nous dit-on.
Alors émerveillons-nous si ça rend les gens heureux...