Après La Plage, 28 jours plus tard, Sunshine, Slumdog millionnaire et 127 heures, c'est reparti avec un nouveau Dany Boyle qui va frapper fort et, c'est peu de le dire, va marquer les esprits une fois de plus. Connu pour passer d'un genre à l'autre avec ses films, pour son tout dernier, Danny Boyle revisite le genre du film noir et traite d'un commissaire-priseur Simon (joué par James McAvoy vu récemment dans Xmens : les origines) qui décide de faire appel à une bande de malfrat, dirigée par Frank (interprété par Vincent Cassel), pour voler un tableau de Goya estimé à 25 millions de dollars. Le braquage se passe bien, mais il semblerait que le tableau ai été subtilisé à la vue de tous lors du braquage par Simon. Un violent coup sur la tête, une insomnie et quelques tortures plus tard, Frank et sa bande oblige Simon à consulter une hypnotiseuse, Elisabeth (jouée par Rosario Dawson, vue dans Five ou Percy Jackson le voleur de foudre) pour faire remonter les souvenirs de Simon à la surface.


Ce qui est d'emblée intéressant c'est ce trio d'acteurs, tous impressionnants non pas par leurs carrières mais par leur belle prestation d'interprétation subliment dirigée par Danny Boyle. Pour ceux qui iront le voir en version originale, les différents accents (irlandais – français et américain) s'entremêlent à merveille. Le film, en plus de jouer sur différents niveaux de compréhension de degrés psychologiques abordé par l'histoire rocambolesque, va ainsi s'appuyer sur les langues pour appuyer la tension et définir les traits de caractères marquants du trio. Frank semble être un voyou distant et cynique mais sont désir sexuel et ses doutes ressortent par la présence forte de son accent français. Simon avec son accent irlandais joue le beau parleur paniqué à la perfection, son accent piquant sa nervosité. Quand à la belle Elisabeth, sa voix grave et profonde envoûte et sème la confusion dans la tête des 2 hommes et celle du spectateur.
L'aspect psychologique est donc ainsi traiter par le caractère des personnages mais bien évidemment par l'histoire en elle-même avant tout. Trance désigne ce profond sommeil qui nous font revivre différents états ou obsession pour soigner une addiction, oublier ou tout simplement retrouver un souvenir. La trame de l'histoire est donc construite comme un jeu de piste pour reconstituer la journée du vol du tableau afin de récupérer ce dernier. Le film va de rebondissements en surprises, met le spectateur sur des fausses pistes puis fait d'autres révélations inattendues. Et même si rapidement le doute s'installe chez le spectateur, hésitant à croire à un coup monter de la part d'Elisabeth et de Simon, là encore notre conviction se voit couper l'herbe sous le pied. On est hypnotisé par le film qui nous mène littéralement en bateau, passant de film d'action parfaitement synchronisé à un drame romantique noire.
Ce fameux tableau, dont l'histoire tourne autour, n'est autre que Le vol des sorcières de Goya, représentant des lutins comme en apesanteur regroupé en cercle. Le tableau étant synonyme de manipulation et de maîtrise du surnaturel, c'est bien évidemment que Danny Boyle nous plonge dans cette atmosphère troublante du rêve. L'utilisation alternée de courtes focales et de grands angles permet de passer d'une image douce avec la profondeur de champ flou et un personnage détaché de l'image à une vision déformée et de la réalité comme un rêve qui tourne tantôt au cauchemar tantôt à la berceuse. Venant avec ça s'accumuler des plans désaxés qui donne à l'image ce ton de bateau qui tangue allant d »une piste à l'autre. Le passage entre la réalité et la transe de Simon joue également sur les changements inopinés de lieux et des faux raccords. Le tout donne une impression de choc de l'esprit, créant la tension et le doute sans pour autant nous sortir du film.
Mais surtout il y a ce souvenir que Simon refuse de faire remonter à son être conscient : le film ponctue ses sortie de transe par cette image de Simon toquant à une vitre comme s'il se fixait lui même. Le jeu du double, celui de l’inconscient et du sur-moi (si on s'appuie sur les théories freudiennes), fait pression sur l'histoire du film et rend le suspense encore plus insoutenable : on ne parvient jamais à savoir où est caché le tableau car on ressort de la transe par se « toc toc » incessant. Toute la finesse de Danny Boyle par son tour de passe-passe d'esprit et d'histoire et de nous faire réaliser que le plus important n'était pas où était caché le tableau mais ce que Simon refoulait d'autre comme souvenir avec celui du tableau.


On se laisse ainsi hypnotiser et sombrer doucement dans Trance et ouvrons la porte à bras ouvert à ce cher Danny Boyle qui une fois de plus ne nous déçoit pas, mais n’excelle pas non plus (surtout avec sa fin que l'on pourrait un peu qualifiée de queue de poisson).

Kolynou
6
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le 28 juil. 2016

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