Grand spectacle sur l'échelle de Richter

Je vais raconter brièvement comment j'ai vécu ce film lorsque je l'ai vu en salles en 1974 alors que j'étais un jeune ado : l'énorme intérêt de ce film c'était le "sensurround", procédé sonore révolutionnaire constitué de gros haut-parleurs en fond de salles et sur les côtés qui permettait de ressentir lors des scènes explicites, des vibrations très réalistes dans les fauteuils, comparables à celles d'un véritable tremblement de terre ; j'vous dis pas la surprise lorsque le "sensurround" se déclencha la première fois, c'était vraiment stupéfiant. On était conscient qu'à l'époque, c'était un gadget comme l'avait été le relief, mais cette opération marketing a bien fonctionné, et fut réutilisée sur la Bataille de Midway et le Toboggan de la mort, puis ça a été ensuite abandonné pour une raison que j'ignore, mais sans doute que le procédé devait coûter la peau des fesses pour équiper des salles à travers le monde.
En attendant, à la télé ou en DVD, le film est visible sans le "sensurround" qui donnait évidemment l'impression d'être un peu au coeur de l'action, et donc on pourra être frustré, surtout les gens comme moi qui ont vécu cette expérience. Mais heureusement, même sans ce procédé, le film fonctionne et se révèle bon, le grand spectacle est assuré, c'est sans conteste l'un des meilleurs réalisés techniquement dans sa catégorie, avec la Tour infernale et l'Aventure du Poseïdon, films qui ont constitué un genre nouveau au début des années 70 : le film catastrophe, qui est apparu en gros avec 747 en péril. Cette vogue dura toute la décennie et déclina vers 1979.
Le schéma est donc identique aux autres films catastrophe : présentation des personnages, seule séquence qui prend un peu de temps, mais on s'attache à certains d'entre eux (comme la toute jeune Victoria Principal, oui celle de Dallas), pendant qu'on nous laisse entrevoir quelques indices alarmants. Mais quand survient la catastrophe, c'est une spectaculaire avalanche d'effets spéciaux dont certains sont très impressionnants pour l'époque qui n'avait bien évidemment pas recours au numérique ; les transparences sont parfois visibles, mais dans l'ensemble c'est soigné, et il y a un gros boulot sur les maquettes.
Comme toujours, c'est une sorte de cérémonial masochiste réglé comme du papier à musique, c'est à dire que quelques individus s'en sortent et d'autres non ; les caractères se révèlent dans l'épreuve, certains deviennent des héros, d'autres sont de beaux salauds, c'est l'héroïsme ou la lâcheté. Tremblement de terre respecte fidèlement cette tradition, tout comme il impose son habituel casting de stars inhérent à ce type de films, le suspense règne en maître tout au long de cette histoire aux multiples péripéties. Charlton Heston se démène tant qu'il peut, retrouvera-t-il la femme qu'il aime ? George Kennedy sera-t-il récompensé de ses efforts ? Geneviève Bujold réussira-t-elle à sauver son enfant ? le barrage qui menace Los Angeles résistera-t-il au séïsme ? Voila de quoi tenir en haleine les amateurs de sensations fortes, sur la musique variétoche mais attrayante de John Williams.

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le 4 mai 2018

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Ugly

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