Je dois avouer que lorsque j'ai lancé le film pour la première fois, je m’attendais à un film d'horreur on ne peut plus classique (des fantômes/monstres qui hantent le navire, un type qui devient fou et qui veut massacrer tout le monde...).
Rien qu'à la vue des personnages, on pourrait facilement se douter du rôle qu'ils vont avoir dans l'histoire. Une pépète qui semble avoir un sixième sens car elle est angoissée avant même que les évènements ne surviennent, un type amoureux d'elle, un autre bien baraqué et un couple respirant la joie de vivre.
Oui...mais non. Il s'avère que c'est bien plus complexe que ça. Il ne s'agit pas d'un banal bain de sang sans queue ni tête. Les personnages plus mystérieux les uns que les autres, les actes incompréhensibles de certains qu'on pourrait assimiler à de la folie, les morts, les bruits qui résonnent, les silhouettes qui disparaissent aussitôt qu’elles sont repérées... Tout à un sens. Et tous, quels qu'ils soient, sont condamnés. Seule Jess détient la clé de leurs destins, mais poussée par l'amour qu'elle porte à son fils, elle devra aussi se confronter à des choix machiavéliques.
Ce film, tant sophistiqué qu'innovateur, est un véritable casse-tête scénaristique. Finement orchestré et d'une cohérence remarquable pour un tel niveau de complexité, il aura su me surprendre pendant 1h30. Je m’exclamais intérieurement chaque fois que je comprenais le sens d'un évènement. Si bien que j'en oubliais parfois le coté horrifique de la chose.
Je ne pense pas que ce film puisse vraiment faire peur au point de priver le spectateur de son sommeil la nuit suivante, mais je ne pense pas non plus que ce soit le but recherché. Cependant, il n'en reste pas moins hautement perturbant. Deux passages m'ont particulièrement mis mal à l'aise
Ce moment ou fille agonise au milieu de ses propres cadavres, dévorés par les mouettes. C'est le genre de situations tellement inhabituelles qu’elles me bouleversent au plus haut point.
Et cette autre scène ou Jess jette un pigeon mort et en voit des dizaines d'autres, lui faisant comprendre en même temps que nous que la boucle n'est pas bouclée et qu'elle est donc encore prisonnière de son destin.
Les acteurs ne sont pas vraiment connus, mais sont plutôt convainquant. Notamment Melissa George, sur qui la caméra se tourne durant la plus grande partie du film.
Caméra qui est d'ailleurs très bien maitrisée, surtout concernant les plans tournés sous plusieurs angles à la fois et lors de la scène du miroir (ceux qui l'ont vue comprendrons).
La construction du film est, quant à elle, tout à fait réussie, car au moment du générique j’avais presque tout compris (et pourtant je suis long à la détente !).
C'est un film travaillé dans les moindres détails et fait avec passion (impossible de produire un tel truc sans en être passionné). Qu'on aime ou qu’on n’aime pas, il ne laisse pas indifférent.